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    [Tribune libre] Plaidoyer pour le démarrage effectif du lycée agricole et minier d’Okondja

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    Dans un contexte national marqué par une quête de diversification économique et de valorisation des territoires, le projet de construction du lycée agricole et minier d’Okondja, dans la province du Haut-Ogooué, s’inscrit dans une vision stratégique pertinente. La pose de la première pierre de l’établissement a déjà eu lieu, mais les travaux tardent à démarrer, suscitant des interrogations légitimes. Ce retard constitue une occasion manquée de répondre à plusieurs défis : la formation des jeunes, la professionnalisation des secteurs primaire et extractif, et le développement intégré des régions de l’intérieur.

    Le présent plaidoyer vise à convaincre les nouveaux décideurs politiques et administratifs de l’impérieuse nécessité d’accélérer le chantier. Il s’appuie sur une démonstration claire : Okondja dispose d’un double potentiel exceptionnel — agricole et minier — qui en fait un site idéal pour l’installation d’un tel établissement.

    I. Le potentiel agricole d’Okondja : un terreau fertile pour la formation et l’innovation

    1. Une terre généreuse aux capacités vivrières remarquables

    Okondja est dotée d’un sol riche et d’un climat équatorial humide, avec une pluviométrie régulière et des températures favorables au développement de multiples cultures. Cette conjonction de facteurs climatiques et pédologiques en fait l’une des zones agricoles les plus naturellement fertiles du Gabon.

    Parmi les cultures vivrières dominantes, on compte :

    • Le manioc, qui y pousse en abondance et constitue la base de l’alimentation locale ;
    • La banane plantain, produite à grande échelle dans les zones villageoises ;
    • L’igname, les légumes, ainsi que d’autres produits maraîchers qui prospèrent sans l’apport massif d’intrants chimiques.

    Cette richesse agro-écologique est un levier pédagogique naturel : les apprenants du futur lycée pourront s’exercer sur des parcelles vivantes, sans artifice, bénéficiant de conditions optimales pour les tests agricoles, les expérimentations botaniques et les travaux pratiques en agronomie tropicale.

    2. Le café d’Alanga : un patrimoine agricole de prestige et un outil pédagogique d’avenir

    Située à 12 kilomètres de la ville d’Okondja, la plantation d’Alanga incarne l’excellence agricole gabonaise. S’étendant sur 180 hectares, dont 100 ont été réhabilités par la Caisse de stabilisation et de péréquation (CAISTAB), elle est aujourd’hui considérée comme la plus grande plantation de café du Gabon. Son histoire mérite d’être retracée, car elle reflète les efforts successifs de l’État gabonais pour structurer une filière stratégique.

    • La Caisse cacao (1960–1970) a initié les premières plantations de café à Okondja, posant les bases d’une agriculture organisée dans la région.
    • La SONADECI (Société nationale de développement du café et du cacao ((1970–1988), a renforcé cette dynamique en développant la plantation d’Alanga. Elle avait pour mission de professionnaliser la filière.
    • La SOCAGAB (1988–2000) a pris la relève dans un contexte de déclin, sans parvenir à enrayer la chute de la production.
    • Depuis les années 2000 et, surtout, après 2020, la CAISTAB a entrepris une relance active, en s’appuyant sur l’existant historique. En 2024, un atelier national a recommandé la réhabilitation du Centre de bouturage du café (CBC) d’Okondja, comme pièce-maîtresse de la relance.

    En complément, il est important de mentionner qu’un fils éminent de la localité, Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, a lui aussi contribué au développement de la filière café à Okondja. Il est propriétaire d’une vaste plantation à Ondjeye (90 hectares), qui fut hautement productive à une époque. Bien que l’état actuel de cette exploitation nous soit difficile à déterminer avec précision (par manque d’informations), la longévité naturelle du caféier, plante dont la durée de vie productive peut dépasser le siècle, suggère qu’un potentiel de relance demeure. Cette seconde grande plantation, à elle seule, confirme la vocation caféière d’Okondja et constitue une preuve supplémentaire que cette région est une terre agricole d’excellence.

    Ainsi, le café à Okondja n’est pas seulement une culture potentielle. C’est une réalité historique et structurelle. La culture du cacao, elle aussi, est bien ancrée dans la vie des populations locales. Il fut un temps, dans les années 90 où, aux côtés du café, le cacao prospérait à Okondja et dans tous les villages du département ; témoignant du grand potentiel agricole de cette terre fertile.

    Le lycée agricole projeté pourrait s’appuyer sur cet héritage vivant pour devenir un centre d’expérimentation, de transformation et de formation de haut niveau, à l’image des écoles agricoles d’excellence observées dans d’autres pays du continent.

    II. Le potentiel minier d’Okondja : une richesse souterraine au service de l’apprentissage

    1. Le manganèse : une ressource stratégique déjà identifiée

    Okondja fait partie du corridor minier du sud-est gabonais, aux côtés de Franceville, Moanda et Bakoumba. Son principal atout est le gisement de manganèse, actuellement exploité par la société Nouvelle Gabon Mining (NGM).

    • Le site comprend 14 plateaux avec des réserves certifiées à hauteur de 33 millions de tonnes, selon les standards JORC.
    • Le minerai affiche une concentration de 42 % en manganèse, ce qui le rend hautement compétitif à l’international.
    • En phase de croisière, la production annuelle prévue est de 1 million de tonnes, avec une durée d’exploitation estimée à20 ans.

    Ce projet illustre, à lui seul, la dimension stratégique d’Okondja pour l’industrie extractive. Un lycée minier à proximité d’un tel site constituerait un laboratoire grandeur nature pour la formation en géologie, exploitation minière, sécurité industrielle et gestion environnementale.

    2. Un sous-sol encore sous-exploré

    Au-delà du manganèse, les données géologiques suggèrent la présence de gisements de ferdans les environs, plus précisément dans la zone de Tébé, frontalière avec l’Ogooué-Ivindo.

    Toujours dans le canton Mouniandzi, au lieu-dit « Kèlè-e-Ngouadi », on signale la présence du diamant et de l’or qui, il y a quelques années, étaient exploités de manière informelle. D’après les récentes analyses géologiques, tout le village Lekori se trouve sur du manganèse. De plus, pour construire la route Okondja-Akieni, la société chinoise Sinohydro a simplement exploité le sous-sol du village Ayanabo, riche en matériaux d’alluvions, servant de source importante d’agrégats concassés destinés aux travaux routiers, en raison de sa haute teneur et de sa grande valeur économique.

    Enfin, des terres rares, bien que peu étudiées à ce jour, auraient également été identifiées dans toute la vallée d’Okondja.

    Il est donc primordial de souligner que dans un contexte mondial où la transition énergétique exige ces minerais rares, former localement les compétences techniques nécessaires devient un impératif.

    Le lycée agricole et minier d’Okondja ne doit donc pas rester une promesse suspendue. Il s’agit d’un projet en parfaite cohérence avec les ambitions de diversification économique, de valorisation des territoires et d’éducation professionnalisantes prônées par les autorités. Le retard dans le démarrage effectif des travaux, malgré la pose de la première pierre, interpelle. Car, avec ses terres fertiles, ses plantations emblématiques, son sous-sol riche et ses jeunes désireux d’apprendre, Okondja représente un laboratoire idéal pour la formation par la pratique.

    Accélérer la construction de ce lycée, c’est investir dans l’avenir des jeunes Gabonais, mais aussi dans le redressement des filières agricoles et minières du pays. Mieux encore, il faudra envisager, à moyen terme, l’ouverture d’une Université agricole et minière à Okondja, en lien avec le lycée, pour créer un écosystème d’innovation, de recherche appliquée et d’entrepreneuriat agricole et minier.

    Youmou Potta, Fils d’Okondja

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