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    AccueilActualitéPolitique Marie Madeleine Mborantsuo, une mémoire vivante de la République

    [Portrait] Marie Madeleine Mborantsuo, une mémoire vivante de la République

    Publié le
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    Elle n’est plus au sommet de l’institution qu’elle a incarnée pendant plus de deux décennies, mais son esprit, sa rigueur, sa voix chargée d’histoire résonnent encore dans les couloirs de la République. Marie Madeleine Mborantsuo n’est pas seulement une juriste, elle est une page vivante de l’histoire du Gabon. Le différend frontalier Gabon-Guinée Equatoriale est là pour nous le rappeler.

    Née le 18 avril 1955 à Franceville, dans la province du Haut-Ogooué, Marie Madeleine Mborantsuo grandit au cœur d’un Gabon encore jeune, mais déjà assoiffé de cadres compétents. Elle entame sa scolarité dans sa ville natale, avant de poursuivre ses études secondaires à Libreville. Très tôt, son goût pour les lettres et les sciences sociales la conduit à l’université. Elle s’envole ensuite pour la France, où elle obtient un doctorat en droit public à l’Université de Paris II Panthéon-Assas.

    La trajectoire d’une femme d’exception

    Dès son retour au Gabon, dans les années 1980, elle rejoint l’enseignement supérieur. Professeure de droit, elle forme des générations d’étudiants à l’Université Omar Bongo. Sa compétence, sa rigueur, son éloquence ne passent pas inaperçues. En 1991, le président Omar Bongo Ondimba, dans la fièvre du renouveau démocratique, la nomme président de la Cour constitutionnelle, poste qu’elle occupera jusqu’en août 2023.

    [Portrait] Marie Madeleine Mborantsuo, une mémoire vivante de la République

    Pendant 32 ans, elle incarnera la gardienne du temple constitutionnel, devenant ainsi la plus ancienne présidente d’une Cour constitutionnelle au monde à ce poste.

    Une gardienne de la République, une mémoire vivante

    Derrière le visage serein de Marie Madeleine Mborantsuo, il y a la tempête des responsabilités, la profondeur des silences et l’envergure d’une intelligence nourrie aux arcanes de l’État. Très tôt, le président Omar Bongo Ondimba reconnaît en elle une alliée précieuse, une femme de confiance à qui il peut confier les missions les plus sensibles, les dossiers les plus explosifs.

    Parmi ceux-ci, l’affaire de l’île Mbanié, ce différend frontalier complexe qui oppose depuis plusieurs décennies le Gabon à la Guinée équatoriale. Un conflit sur fond d’enjeux territoriaux, énergétiques et géopolitiques. Omar Bongo, fin stratège et fin connaisseur des ressources humaines de son pays, choisit alors de confier ce dossier à une femme dont il connaissait la rigueur inébranlable, la loyauté sans faille et la compréhension aiguë des enjeux étatiques : Marie Madeleine Mborantsuo. Ce choix s’avérera juste.

    Ce n’est donc pas un hasard si, en 2023, Brice Clotaire Oligui Nguema, devenu président de la Transition, décide de la maintenir dans l’équipe nationale de défense du Gabon devant la Cour internationale de justice. Il reconnaît, dans cet acte, que cette femme incarne plus qu’un savoir : elle est aussi la mémoire vivante d’un combat national.

    [Portrait] Marie Madeleine Mborantsuo, une mémoire vivante de la République

    Un mea culpa lucide et responsable

    C’est cette mémoire qui s’est exprimée – le 28 mai dernier au Palais Rénovation – avec humilité mais fermeté, lorsqu’elle déclara devant le chef de l’État et la nation : « Au moment où je me tiens devant vous, M. le président de la République, et en présence de cette auguste assemblée, j’ai une forte pensée pour tous ceux-là, tous ces haut-cadres gabonais qui ont passé des heures, pour ne pas dire des jours, et ensuite des mois et des mois, pour constituer le dossier du différend frontalier entre la République gabonaise et la République sœur de Guinée équatoriale. »

    Ce n’était pas une posture : elle savait de quoi elle parlait. Pendant plus de vingt ans, elle a été aux premières loges, supervisant, coordonnant, synthétisant des « tonnes et des tonnes de documents », accompagnée de « techniciens de haut rang », souvent méconnus mais décisifs dans l’architecture de la défense du Gabon.

    Dans un moment d’une rare intensité, elle a appelé, d’un ton lucide et responsable, les uns et les autres à aller au-delà des commentaires : « Les compatriotes ont, dit-elle, accueilli avec beaucoup de tristesse la décision rendue par la Cour internationale de justice. Mais, chers compatriotes, ce n’est pas parce que cette décision est aujourd’hui commentée, chacun à sa manière, que le Gabon est revenu bredouille. »

    Ni victoire, ni défaite, mais une page à réécrire

    Sa voix ne tremble pas ; elle éclaire. Car elle sait que l’histoire est plus complexe que les apparences, et que la justice internationale, parfois, nous renvoie non pas à la victoire, ni à la défaite, mais à une page à réécrire. « Cette décision renvoie les parties à la situation qui existait en 1972-73 avant la convention de 1974 », rappelle-t-elle.

    Elle évoque aussi la vision d’Omar Bongo Ondimba, ce président bâtisseur qui croyait au dialogue : « Il n’avait de cesse de rappeler à son homologue Obiang Nguema qu’il fallait mieux, pour les deux parties, mettre en commun leur savoir-faire pour exploiter les ressources communes dans cette zone. » Une leçon de pragmatisme et de paix.

    Par ses mots, son calme, son recul, Dr Marie Madeleine Mborantsuo montre qu’elle est bien plus qu’une juriste. Elle est une vigie de la République, une archive vivante, une femme d’État au service de la vérité, du droit, de la mémoire collective.

    Que sa mémoire devienne livre

    Il y a des femmes que l’histoire effleure. Et puis, il y a celles que l’histoire traverse, habite, consacre. Marie Madeleine Mborantsuo est de celles-là. Une vigie de la République. Une archiviste vivante de nos luttes. Une sentinelle du droit et de la souveraineté.

    Il est aujourd’hui urgent, nécessaire, vital qu’elle consigne cette mémoire. Que ses souvenirs, ses luttes, ses leçons deviennent pages, livres, témoignages. Que les Gabonais lisent, comprennent, transmettent. Que les générations futures ne construisent pas sur le sable de l’oubli, mais sur le roc de cette mémoire vivante.

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