La parole à un Gabonais multidimensionnel. Il fait partie d’une génération dont la promotion des valeurs est un comportement. Il a été de tous les rendez-vous politiques de ces trois dernières décennies. Pour La Loupe, il retrace son vécu et positive sur l’avenir de notre pays, sous la gouvernance du CTRI et son chef Brice Clotaire Oligui Nguema. Lecture !
Gabonclic.info. Qui est Yvon Bamba ?
Yvon Bamba : l’homme que je suis a plusieurs casquettes : enseignant, homme politique et ministre de l’Évangile. L’enseignement c’est ma profession, la politique ma passion et le ministère biblique, l’appel de Dieu pour ma vie.
Parlez-nous un peu de vous !
Après ma formation à l’Ecole normale supérieure de Libreville (ENS), j’ai servi aux Lycées d’Etat de Franceville et Henri Sylvoz de Moanda. En 2004, je suis nommé chargé de Missions du Coordinateur général des affaires présidentielles, puis chargé de Missions du président de la République jusqu’en 2017, avant de revenir au ministère de l’Education nationale où j’occupe la fonction de directeur des Equipements et de la Logistique à la direction générale du Patrimoine et des Equipements (DGPE). Je m’intéresse à la politique depuis ma jeunesse. J’ai commencé par être actif dans les mouvements associatifs des jeunes de ma localité (Okondja) dont, pour la plupart, j’ai été membre fondateur.
J’ai pris part aux mouvements estudiantins de 1989, suite à une intoxication alimentaire au restaurant de l’Université Omar Bongo (UOB). Mouvements qui ont été récupérés par certains opposants au régime politique de l’époque, qui étaient en exil en France ou ailleurs. Le Sommet France-Afrique de la Baule, sous le magistère du président François Mitterand va être déterminant dans l’accentuation des revendications à caractère sociopolitiques, qui vont conduire plusieurs Etats africains francophones à organiser des Conférences nationales pour l’instauration du multipartisme. Il faut préciser que c’était une exigence du président français, comme condition de l’aide de la France pour les pays concernés lors du Sommet France-Afrique de la Baule.
Avec quelques amis étudiants, nous avions créé une Association politique dénommée : Le Front national de libération patriotique (FNLP), membre du courant des Rénovateurs du Parti démocratique gabonais (PDG) de l’époque. Deux ans plus tard (1992), je deviens militant du Parti gabonais du centre indépendant (PGCI), Secrétaire national chargé des Relations extérieures dudit parti, avant de démissionner en 2018. Actuellement je suis sans parti politique.
Sur la base de votre vécu et en déroulant le tapis de l’histoire, quel est votre regard sur Okondja, chef-lieu du département de la Sébé-Brikolo ?
J’aime cette localité qui m’a vu naître, grandir et devenir adulte et responsable de famille que je suis. J’ai passé toute mon enfance à Okondja que j’ai quittée pour poursuivre mes études au Lycée d’Etat de Franceville, et j’y revenais pendant les grandes vacances scolaires.
Quand nous grandissions, il y régnait une telle harmonie que le langage tribal n’avait pas de place, Okondja étant composé de plusieurs tribus et grands groupes ethniques. Le grand-frère d’une famille, était celui de tout le quartier, voire de toute la communauté et vice-versa. Mais la politique et la mauvaise répartition des postes de responsabilité au niveau local sont devenues source de frustration et de repli identitaire. Je pense qu’il faut corriger cela, il suffit d’une simple volonté politique.
Okondja a connu une période où le pouvoir politique était transmis de façon harmonieuse, en tenant compte de la capacité à fédérer de celui qui le recevait. Le résultat est que pendant ladite période, nous avions connu des leaders quasiment adulés par la majorité des populations. Je peux citer : Jérôme Okinda, Jean-Pierre Lemboumba Lepandou et Paul Toungui. Ils ont incarné l’unité et le vivre ensemble des enfants d’une même contrée.
Pourquoi vous ne citez ni Luc Oyoubi, ni Mathias Otounga, encore moins Arnaud Calixte Engandji Alandji, qui ont pourtant été aussi ministres ?
(Rire) Je n’ai rien contre chacun d’eux, même si l’un d’eux, par sa position gratifiée au sein du pouvoir déchu, s’était opposé farouchement à ma candidature aux dernières élections législatives à la commune d’Okondja pour des raisons que lui seul connaît. Dieu soit loué, ma candidature était passée et les résultats parlent d’eux-mêmes.
Je ne veux pas ici faire la promotion, ni condamner quiconque ; mais à cause de leur statut d’hommes politiques, et parce que vous me posez la question, je dirai ceci :
Le premier cité est un bon technocrate, c’est indéniable. Mais la politique c’est tout autre chose. Un homme politique, à mon sens, c’est celui qui sait se mettre au service du plus grand nombre. Le critère le plus important c’est le service et non l’asservissement ou l’intérêt égoïste. A-t-il cette qualité-là ? Je ne pense pas, pour des raisons que je ne peux évoquer ici, par respect pour lui car, c’est un aîné.
Le deuxième : c’est un homme politique qui a de l’expérience, qui a les qualités d’un rassembleur. Il sait ce qu’il fait, ce qu’il veut et il se donne les moyens d’atteindre ses objectifs. Mais je crois, sincèrement, qu’il n’a pas fait un bon casting de ceux qui devaient l’accompagner dans sa mission. De plus, le climat politique délétère ne lui a pas rendu la tâche facile, afin de hisser la localité au niveau de rayonnement politique que nous espérions. Mais attention ! Avec son parti « REGARD », il peut nous surprendre à Okondja.
Le troisième : c’est un cadre bien formé, très compétent dans son domaine professionnel. Mais sur le terrain politique, on ne lui a pas laissé le temps de faire ses preuves, sinon les premiers signaux étaient favorables. L’avenir nous édifiera davantage, sa jeunesse est un atout.
Quelle est votre expérience sur le terrain ?
Ma candidature aux élections législatives d’août 2023 a été motivée par le climat politique qui prévalait dans la localité avant le « coup de libération » du CTRI. Pour une première fois, la commune d’Okondja s’est retrouvée avec une pléthore de candidatures au premier siège. C’était le signe visible d’un malaise politique dans notre localité. Nous étions neuf candidats au départ, pour nous retrouver à quatre le jour du scrutin : le PDG, le PGCI, le CLR et moi, candidat indépendant. Je suis sorti deuxième, après le PDG.
Avez-vous des leçons à tirer de cette élection ?
Le premier constat que j’ai fait est que le PDG était divisé au sommet de sa hiérarchie locale ; ce qui a entraîné la démission de certains hauts responsables et de nombreux cadres.
La tricherie était tellement flagrante, que j’ai compris que « la machine » ou « le rouleau compresseur » était en état de décrépitude. Nous nous sommes retrouvés dans des cas où dans plusieurs bureaux de vote, le PDG était le seul parti représenté ; la représentation locale du Centre gabonais des élections (CGE) ayant délibérément refusé de signer les habilitations des représentants des autres partis politiques. C’était le comble du désarroi. Les exemples d’irrégularités sont légion.
Que pensez-vous du PDG ?
Le PDG est le parti qui a dirigé le pays de 1968 jusqu’au 30 août 2023, soit cinquante-six (56) ans durant. Si le pays est dans l’état dans lequel il se trouve, à qui voulez-vous qu’on attribue la souffrance des Gabonais qui a conduit le pays aux salutaires évènements du mois d’août 2023 ? Si le PDG veut s’inscrire dans la dynamique impulsée par le CTRI et le président de la République, chef de l’Etat, le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, ce parti doit bannir les pratiques anti-démocratiques qui ont causé la chute de l’ancien régime. Ne dit-on pas que « les mêmes causes produisent les mêmes effets » ? A chacun de tirer les leçons du passé. Nous nous acheminons progressivement vers la recomposition du paysage politique national. Notre essor vers la félicité exige un réajustement positif de nos centres d’intérêt, en privilégiant le « vivre ensemble » et l’amour de la patrie.
S’il est vrai qu’au PDG, il y a des personnalités dignes de respect, en revanche, il faut reconnaître que la plupart d’entre eux ont plus servi le « système PDG » et leurs intérêts égoïstes, que le peuple gabonais. Je pense que les militants, qui restent fidèles à ce parti, gagneraient à convoquer un congrès extraordinaire pour des réformes profondes et, peut-être, un changement du nom du parti. Ce n’est qu’un avis.
Votre intention pour les prochaines législatives et locales ?
Aucune décision pour le moment. Soit je suis candidat, soit je soutiens celui ou celle que je pense être le mieux placé pour représenter la population de la « commune d’Okondja ». Dans tous les cas, je serai sur le terrain le moment venu.
Dans la relation entre Dieu et la politique, un chrétien peut-il être un politicien vertueux ?
Pour mieux apprécier si un chrétien peut s’engager en politique, il faut d’abord définir qu’est-ce que la politique. La « politique » en termes simples, c’est « l’organisation ou l’exercice du pouvoir dans une société organisée.» Vu sous cet angle, en quoi la participation d’un chrétien à la vie politique serait-elle un péché, s’il en a la capacité ?
C’est parce que pendant longtemps, le mensonge a été servi aux populations par les hommes politiques, que ces dernières ont fini par croire que faire de la politique, c’est mentir. Dans les vieilles démocraties, ce sont les actes qui garantissent votre élection ou réélection à un poste politique et non les discours ou les fausses promesses.
Dans les pays où l’expression démocratique est assurée, si vous êtes un gros menteur, vos adversaires politiques et le peuple utilisent vos mensonges pour vous faire tomber à la prochaine élection.
En conclusion, un chrétien est un citoyen à part entière. Les chrétiens votent, travaillent dans des administrations, dans des entreprises, militent dans des partis politiques, etc. La Bible nous fournit des exemples des enfants de Dieu qui ont été des gouvernants sans compromettre leur foi en Dieu : ce fut le cas de Joseph en Egypte, de Daniel et ses amis à Babylone. Dans le gouvernement actuel et au sein des autres institutions de notre pays, il y a des serviteurs et des servantes de Dieu qui occupent des postes de responsabilité.
Depuis le 30 août 2023, après 14 ans de chape de plomb, les Gabonais peuvent enfin espérer un lendemain meilleur, suite au coup de libération mené par Brice Clotaire Oligui Nguema et les autres militaires. Votre avis ?
Il faut dire que le CTRI est venu sauver le Gabon d’une situation politique qui allait plonger le pays dans un chaos apocalyptique. Tout le monde ou presque a salué l’avènement du CTRI et de son chef.
En termes de bilan à mi-parcours, je peux dire que l’essentiel est fait : les institutions provisoires ont été mises en place, il y a un gouvernement qui travaille, un Dialogue national inclusif a été organisé, une Constitution a été votée à plus de 90 % par le peuple gabonais, et elle vient d’être promulguée par le président de la République, chef de l’Etat, le pays est en chantier, etc… Donc, mon point de vue est que le CTRI est sur la bonne voie.
Cependant, je voudrais rappeler à nos gouvernants, en ma qualité de docteur de la parole de Dieu que « Toute autorité, vient de Dieu… » (Romains 13 v 1 à 3). Que ceux qui gouvernent craignent Dieu, qui est le détenteur du pouvoir absolu. Beaucoup admirent la gloire et la sagesse du roi Salomon à travers des siècles, mais ignorent ce qui en a été la source. Le règne du roi Salomon s’est appuyé sur deux choses : la reconnaissance envers Dieu et l’attachement à la justice pour l’intérêt du peuple.
Salomon n’a pas acquis la sagesse et l’intelligence en allant s’inscrire dans une université quelconque, mais il les a reçues de façon surnaturelle de la part de Dieu, à cause de son désir de justice et de l’amour pour le peuple qu’il devait gouverner. J’ai la ferme conviction que si un dirigeant politique craint Dieu, le Très-Haut lui donne la sagesse nécessaire pour mener à bien sa mission. Dieu est non seulement le maître des temps et des circonstances, mais Il connaît la fin de toute chose dès le commencement.
Il y a lieu de souligner que les lois divines qui gouvernent tout être humain sont imposables à tous : Noir ou Blanc, riche ou pauvre, roi ou sujet, etc. Croyants ou non, nous sommes tous des instruments entre les mains de l’Eternel, car il n’y a rien qui soit hors du contrôle de Dieu qui met fin aux actions des humains, quand il veut et comme il veut.
A « Josué » je dirai, Dieu est avec vous, et que l’Eternel vous aide à conduire le Gabon vers la félicité !