Libreville, 30 juin 2025 – Une page se tournerait dans l’histoire politique gabonaise. Publiée au Journal Officiel du 27 juin, la Loi n°016/2025 relative aux partis politiques marque une réforme de fond des conditions de création des formations politiques dans le pays. L’objectif affiché est de mettre fin à la prolifération des partis sans ancrage réel.
Désormais, toute nouvelle entité politique devra satisfaire à un cahier des charges exigeant, qui privilégie la transparence, la représentativité et la crédibilité. Il ne s’agira plus de créer simplement un parti sur papier, mais bien de prouver sa légitimité populaire et territoriale.
L’article 25 de la loi détaille les pièces indispensables à fournir dans le dossier de légalisation d’un parti politique, notamment : une demande officielle adressée au ministre de l’Intérieur par les membres fondateurs ; le procès-verbal de l’assemblée constitutive, précisant l’identité complète (noms, prénoms, date et lieu de naissance, profession) des fondateurs ; les statuts du parti définissant ses valeurs, ses objectifs et la structuration de ses instances ; un règlement intérieur clair ; les pièces d’identité certifiées conformes et les extraits de casiers judiciaires (datant de moins de trois mois) de chaque membre fondateur. A cela s’ajoutent la dénomination officielle, le logo et l’adresse du siège social, situé obligatoirement sur le territoire national. Mais surtout, une liste d’au moins dix mille (10 000) adhérents, réparties dans les neuf provinces, avec mention de leur Numéro d’identification personnelle (NIP).
Les partis « gazelles » face à un mur
L’introduction de ces nouvelles exigences risque de bouleverser le paysage politique national. Les partis dits « gazelles », pour la plupart créés à la veille des échéances électorales et dépourvus de base militante, devront désormais franchir l’obstacle majeur : le nombre des adhésions requis et validées avec par le NIP de chaque adhérent. Un véritable ménage, dans un pays où le corps électoral totalise environ 642 000 inscrits, pour d’une centaine de partis politiques naguère reconnus.
Avec cette nouvelle exigence, chaque parti devra engranger près de 2 % des électeurs, tout en démontrant une présence effective dans toutes les provinces du pays. Un seuil élevé, perçu par certains observateurs de la scène politique national comme un outil d’assainissement, alors que d’autres y voient une barrière à l’émergence de nouvelles voix.
Une refondation du pluralisme ?
Avec cette loi, le gouvernement, conduit par le Président Brice Clotaire Oligui Nguema, affiche clairement sa volonté de rationaliser le système partisan, d’en renforcer la légitimité démocratique et de poser les fondations d’un État de droit plus exigeant.
Il reste désormais à observer comment les forces politiques en gestation s’adapteront à ce nouveau cadre législatif. Une chose est sûre : la page du multipartisme de façade semble bel et bien tournée.