Un coup de tonnerre politique secoue Bayi-Brikolo. Deux figures locales, accusées d’avoir diffamé le député Jean-Bosco Ndjounga, dorment en cellule et risquent d’être présentés devant le procureur ce vendredi. En cause : 268 millions de francs CFA, un soupçon de détournement, et une commune – scotchée depuis la nuit des temps à des problématiques existentielles, notamment la route, les soins médicaux, la qualité de structures scolaires -qui en attend Godot.
Le climat politique déjà tendu dans le département de Bayi-Brikolo (Aboumi) vient de franchir un nouveau seuil d’inquiétude. Deux jeunes figures bien connues de la localité, Kouna Kennedy alias « Mouss Youmou » et Imelda Toumbeyi surnommée « la Dame de Fer », ont été interpellées il y a trois jours à Libreville par la Direction Générale des Recherches (DGR). À l’origine de cette arrestation : une plainte pour diffamation déposée par l’honorable Jean-Bosco Ndjounga, député de la Transition et Premier secrétaire du bureau de l’Assemblée nationale, désormais ex-militant du PDG, ex-membre du bureau politique de ce parti.
Dans des audios et vidéos devenus viraux, les deux jeunes leaders remettent ouvertement en question l’intégrité du député. Ils l’accusent d’avoir détourné 268 millions de francs CFA, alloués par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour financer des projets de développement dans le département. Les accusations vont plus loin : ils dénoncent un blocage systématique des fonds et projets, accusant Jean-Bosco Ndjounga de les détourner à des fins personnelles et familiales. Pour eux, le député est devenu un obstacle majeur au développement de la Bayi-Brikolo.
Le député et l’atteinte à son honneur
Cette interpellation n’a pourtant rien de surprenant. Le 13 avril 2025, dans une note officielle adressée aux ressortissants de Bayi-Brikolo, le député avait prévenu : toute atteinte à son honneur serait portée devant la justice. Il affirmait alors avoir été la cible d’attaques malveillantes, et annonçait sa détermination à faire appliquer la loi « avec la plus grande rigueur ». Aujourd’hui, l’avertissement est devenu action.
Mais cette plainte soulève une curieuse interrogation. Randy Oyeni, troisième membre du groupe accusateur et parent direct du député, n’a pas été cité dans la plainte. Pourtant, dans une vidéo diffusée ce 19 juin, il reconnaît avoir proféré les mêmes accusations que ses deux amis. En solidarité, il s’est même rendu à la DGR, réclamant d’être incarcéré à leur côté. Refusé. D’aucuns y voient la peur des représailles familiales de la part du député.
À Aboumi, selon la clameur populaire, ce nouvel épisode ravive les souvenirs d’avril dernier, lorsque Ngoulou Jean-Jacques avait été accusé d’avoir fait la belle avec 5 millions de FCFA destinés aux remerciements post-électoraux. La commune, souvent secouée par des supposés scandales financiers, semble piégée dans une spirale de suspicion et de frustrations.
Sa supposée mainmise sur tous les projets
Élu depuis 2018, Jean-Bosco Ndjounga, aujourd’hui député de la Transition, cristallise toutes les critiques. Sa longévité au cœur des affaires du département, sa supposée mainmise sur tous les projets, et son positionnement central dans la gestion des fonds font de lui la cible naturelle des accusations. Peut-être est-il temps de penser à l’alternance, tant cette concentration de pouvoir irrite une jeunesse en quête de renouveau. Il incarne aux yeux de beaucoup la plaque tournante d’un système local qui ne rend aucun compte.
Aller vers ses électeurs et apporter des clarifications sur lesdits fonds
Pour les populations de Bayi-Brikolo, la solution est simple : au lieu de porter plainte contre les jeunes, en tant que représentant du peuple, Jean-Bosco Ndjounga devrait tout simplement aller vers ses électeurs et apporter des clarifications sur lesdits fonds car étant au centre des décisions sur la localité. Pour preuve : sa visite récente pour inspecter les travaux du futur collège d’Aboumi en lieu et place du ministre de l’Education nationale illustre son aversion du respect des normes de la République. « L’incarcération » de ces deux jeunes n’est pas la solution car à la fin les questions restent posées : Où sont passés les 268 millions de francs CFA ? En l’absence de toute transparence dans la gouvernance des infrastructures publiques, les populations n’ont-elles pas le droit d’interpeller leur représentant, en utilisant leurs propres mots ? Comment ramener la sérénité dans une localité rythmée par les invectives ?
Face à cette batterie de questions, un regard lucide sur la ressource humaine s’impose. En jetant un coup d’œil dans cette « corbeille », les têtes pleines et bien faites ne manquent pas pour relever le niveau de la gouvernance politique du département de Bayi Brikolo. Les citer ? Non, ils se connaissent et ils sont connus.
La désormais affaire Jean Bosco Ndjounga contre ses contempteurs de la Bayi Brikolo est-elle le chant du cygne de son règne politique à la tête de ce département ?