A la suite de l’opération de déguerpissement des habitants du lieu-dit « Plaine Orety », l’indignation était grande au sein de la population. Certes cela est humain et même normal, mais le syndicaliste invite les uns et les autres à s’intéresser à l’une des causes du mal : les fonctionnaires véreux. De ce fait, il espère que la DGR et les services spéciaux « remonteront toute la chaîne de responsabilités, du bas vers le haut ». Lecture !
Si l’action présidentielle a permis de désamorcer un héritage de l’ordre ancien devenu socialement explosif, elle serait incomplète si elle s’arrêtait là.
Les véritables causes de cette crise ne doivent ni être éludées, ni étouffées sous le poids de l’émotion collective. Une question centrale demeure : comment autant de familles ont-elles pu s’installer durablement sur des terrains relevant du domaine public, parfois depuis des années, sans qu’aucune alerte ne soit sérieusement prise en compte ?
Ce silence administratif et cette inaction prolongée révèlent un double scandale : l’échec des mécanismes de veille et de contrôle, et la compromission de certains agents publics. La mauvaise gouvernance, les complicités silencieuses et l’absence de sanctions exemplaires constituent les véritables racines de cette dérive.
Une situation qui, pourtant, aurait pu être évitée.
Car au-delà des drames humains et des tensions sociales, cette crise a occasionné d’énormes dépenses publiques au titre des dédommagements, parfois absorbées par un système parallèle de corruption bien rodée. Plusieurs témoignages concordants font état de la création de squatters fictifs, montages frauduleux mis en place dans le but de détourner les fonds publics destinés aux indemnisations.
Le président de la République a donné un signal fort.Mais pour que ce signal se traduise en véritable rupture, il faut aller plus loin. On espère que la Direction Générale des Recherches (DGR) et les services spéciaux ne concentreront pas leurs efforts uniquement sur les squatters véreux ou les intermédiaires visibles, mais qu’ils remonteront toute la chaîne de responsabilités, du haut vers le bas. Car la vérité ne se trouve pas seulement dans les ruelles des quartiers déguerpis, mais aussi dans les couloirs climatisés où les décisions ont été prises, ou volontairement ignorées.
Réformer avec rigueur, avec courage
Il ne s’agit donc pas seulement de déguerpir, ni de réparer dans l’urgence. Il s’agit désormais de réformer en profondeur. Réformer avec rigueur, avec courage, avec un véritable sens de la justice publique.
Car sans une responsabilisation claire des services de l’État, sans audit lucide de la chaîne de responsabilités et sans sanctions à la hauteur des fautes, d’autres crises surgiront ailleurs. Toujours les mêmes maux : désordre urbain, souffrances humaines, gaspillage des ressources, et défiance envers l’autorité publique.
La cinquième République mérite mieux que la gestion approximative et les indignités à répétition héritées de l’ordre ancien.
Le moment est venu de passer du déguerpissement à la gouvernance.
Louis Jocelyn Ngoma, Membre de la société civile.