Depuis le rendu de la Cour internationale de justice (CIJ) sur le différend frontalier entre les deux pays, l’opinion nationale s’illustre par des jugements parfois simplistes et même illogiques, voire irrationnels, accusant les autorités publiques, sans aucune lecture cartésienne de la situation. Un compatriote, Derlin Alex Abessolo, est sorti du lot pour faire une analyse riche d’enseignements de la situation, en ce qui concerne spécifiquement l’île Mbanié, que nous publions in extenso dans ces colonnes.
La décision rendue par la Cour de justice internationale, le 19 mai 2025, concernant le différend territorial qui oppose le Gabon et son voisin la Guinée équatoriale (GE) est sans appel : l’île Mbanié revient à la Guinée équatoriale.
La présente analyse est circonscrite au cas spécifique de l’île Mbanié.
Il appert de rappeler que le sous-sol et les environs de l’île Mbanié regorgent de matières premières, notamment le pétrole, d’après les recherches et les études de certains géants pétroliers, notamment l’américain Exxonmobil.
Pour exploiter ce pétrole offshore, il va falloir connaître le champ pétrolifère ou le gisement pétrolifère, c’est-à-dire la zone qui délimite où est enfoui le pétrole à extraire.
Convention Montego Bay
Or, l’île Mbanié étant située seulement à 20 hectares (0.2 km) des côtes gabonaises, il va falloir que la Guinée équatoriale s’associe au Gabon pour exploiter les gisements situés dans cette zone, dans la mesure où nos deux pays ont signé et ratifié la Convention de Montego Bay.
La Guinée équatoriale a ratifié cette convention, le 21 juillet 1997, et le Gabon le 11 mars 1998.
La Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) dite « la constitution des océans », signée à Montego Bay en Jamaïque, le 10 décembre 1982, est rentrée en vigueur le 16 novembre 1994.
Cette convention définit le régime juridique de la mer territoriale, celui de la zone économique exclusive (ZEE) ainsi que celui de la haute mer.
L’Etat côtier exerce sa souveraineté
Les dispositions de cette convention délimitent la mer territoriale des États jusqu’à 12 mille marins (22.2 km) sur laquelle l’Etat côtier exerce sa souveraineté.
Il découle de ce qui précède que l’île Mbanié, située de part et d’autre de chaque pays à moins de la limite précitée, nos deux gouvernements sont invités à s’asseoir et à négocier l’exploitation commune des minerais et autres gisements de cette zone.
C’est la raison pour laquelle le président de la République a estimé que « l’heure n’est pas aux déclarations précipitées, ni aux réactions passionnelles », mais au dialogue avec la Guinée équatoriale, après consultation des deux chambres du Parlement.
Derlin Alex Abessolo, Citoyen gabonais.