À dix jours des élections municipales prévues au Togo, une partie de la classe politique et de la société civile monte au créneau. Dans un contexte marqué par une vive contestation populaire et une répression meurtrière, plusieurs organisations appellent au report du scrutin.
Dans un communiqué conjoint, diffusé vendredi 4 juillet, deux formations majeures de l’opposition togolaise, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et les Forces démocratiques pour la République (FDR), ainsi que des représentants de la société civile, ont exigé le report sine die des élections municipales, initialement fixées au 17 juillet prochain. Ces voix dissidentes justifient leur position par le climat délétère provoqué par la répression violente des récentes manifestations populaires.
Un mois de juin sous haute tension
Fin juin, le pays a été secoué par plusieurs journées de mobilisation populaire, parfois violemment réprimées. Les manifestations, qui ont rassemblé des milliers de personnes, visaient à dénoncer notamment l’arrestation de certaines figures critiques contre le régime, la flambée des prix de l’électricité, ainsi que la récente réforme constitutionnelle adoptée en 2024. Cette dernière permet au président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, de renforcer son emprise sur les institutions.
Le bilan humain de ces mobilisations est lourd : au moins sept morts, des dizaines de blessés et plus de soixante arrestations, selon des ONG locales. Les organisateurs pointent la responsabilité des forces de sécurité, soutenues selon eux par des milices proches du régime. Les autorités, quant à elles, évoquent sobrement des « décès par noyade », sans avancer de chiffres précis.
Des exigences claires
Face à ces violences, l’ANC, les FDR et leurs alliés dénoncent une « répression sauvage orchestrée par les forces de défense et de sécurité, appuyées par des milices paraétatiques» et affirment ne pas pouvoir participer à une élection dans de telles conditions.
Les partis d’opposition réclament en outre l’ouverture immédiate d’une enquête internationale, indépendante et impartiale, en vue d’identifier et de poursuivre les auteurs des exactions commises lors des manifestations.