Réuni au siège de Gabon media time (GMT), le collectif d’organisations de médias a vivement protesté contre les conditions d’interpellation et de détention d’Harold Leckat, Directeur de publication de GMT. Interpellé le 15 octobre à son retour de France et maintenu en garde à vue, le journaliste est visé par une enquête pour de supposés paiements dans le cadre d’un contrat avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Les organisations dénoncent une « cabale politico-judiciaire » et exigent sa libération immédiate.
Le point de presse, lu par Désiré Ename, président de la section Gabon de l’Union de la presse francophone (UPF), a mis en lumière la situation délicate d’Harold Leckat, actuellement détenu à la Direction générale des recherches (DGR) de la Gendarmerie nationale. Présenté au procureur de la République le 17 octobre, sa garde à vue a été prolongée jusqu’à ce lundi.
Le collectif, qui comprend l’Organisation patronale des médias (Opam), l’Union de la presse francophone (UPF), le Réseau national des journalistes indépendants (Renaji), Média & démocratie, et Reporters sans frontières, a exprimé de sérieuses réserves sur la procédure. Il déplore que l’interpellation de notre confrère ait été effectuée de manière non réglementaire à l’aéroport, et a surtout révélé des conditions de détention inhumaines.
Un patriote et non un délinquant
Les organisations ont tenu à rétablir la réputation du journaliste face à ce qu’elles considèrent comme une « cabale médiatique » sur les réseaux sociaux. Harold Leckat et son média, Gabon media time, sont présentés comme des acteurs clés de la lutte contre l’ancien régime, notamment à travers la co-rédaction du célèbre Rapport « 105 promesses, 13 réalisations » sur le bilan d’Ali Bongo.
« On ne peut donc pas faire passer Harold Leckat pour un délinquant et un détourneur de fonds. Harold Leckat n’est pas un ennemi du régime, c’est un allié, » a insisté le collectif, soulignant également l’engagement du journaliste pour l’emploi de jeunes diplômés.
Un litige commercial au pénal ?
L’accusation porte sur des paiements versés à Global media time, l’agence gérée par Harold Leckat, au titre d’un contrat de communication avec la CDC conclu en 2020. Les autorités judiciaires soupçonneraient que les fonds publics auraient été perçus sans réalisation des travaux.
Le collectif réfute l’incrimination de détournement de fonds publics, arguant que Leckat n’est pas dépositaire de l’autorité publique. Il a rappelé que le dossier concerne « un contrat liant les deux entités… aucun détournement de fonds ne peut être qualifié en la matière » et a estimé que tout litige devrait être traité par le tribunal du commerce, et non au pénal.
Le collectif a également soulevé la question des garanties de représentation suffisantes d’Harold Leckat, conformément à l’article 16 de la nouvelle Constitution.
« Monsieur Leckat a été contraint de dormir 5 jours durant menotté à une chaise, sans possibilité, ni d’aller aux toilettes, ni de prendre une douche, encore moins de se brosser les dents, » a dénoncé Désiré Ename, décrivant des révélations « glaçantes ». « C’est pourquoi, nous, collectif des organisations de la presse, demandons la libération sans conditions d’Harold Leckat et exigeons des réformes profondes pour une presse véritablement libre et indépendante », a-t-il conclu.
Harold Leckat a de nouveau été déféré ce 20 octobre devant le procureur de la République qui a ouvert une information judiciaire. A cette heure, le Directeur de publication de GMT est toujours en audition chez le juge d’instruction qui devra décider de son sort.




