L’arrestation spectaculaire du journaliste et patron de presse Harold Leckat à l’aéroport de Libreville le 15 octobre, pour « détournement de deniers publics », provoque une onde de choc et une sévère mise en garde de la part du Dr Ali Akbar Onanga Y’Obegue, enseignant en Droit à l’Université Omar Bongo. Celui-ci dénonce des « dysfonctionnements procéduraux si graves qu’ils interrogent la nature même de la transition que traverse notre pays ».
Selon l’analyse juridique d’ Onanga Y’Obegue, l’accusation de détournement de deniers publics ne tient pas. L’affaire concerne un contrat commercial de prestation de services entre la société privée d’Harold Leckat et la Caisses des dépôts et consignations. L’enseignant explique que cette infraction « suppose nécessairement que l’auteur revête la qualité d’agent public », ce qui n’est pas le cas d’un dirigeant de société privée. Il affirme que ce choix pénal constitue « soit une méconnaissance des règles fondamentales du droit pénal, soit une instrumentalisation délibérée de la procédure pénale ».

Le juriste soutient que le litige devrait relever des juridictions civiles ou commerciales pour une simple inexécution contractuelle. Il souligne que la criminalisation d’un différend civil est « un détournement de procédure qui porte atteinte aux principes fondamentaux du droit ».
Arrestation et détention contraires à la dignité
Le Docteur Onanga Y’Obegue critique également les modalités de l’arrestation. Il rappelle que Leckat, revenant d’une formation à l’étranger, avait confirmé sa disponibilité pour une audition le lendemain. L’interpellation immédiate sur le tarmac, selon lui, relève « davantage de la mise en scène que de la nécessité procédurale ».
Il exprime par ailleurs son indignation face aux allégations de conditions de détention : même à supposer la culpabilité du Directeur de publication de Gabon media time (GMT), « aucune infraction ne saurait justifier des conditions de détention contraires à la dignité humaine », martèle-t-il, demandant une enquête immédiate sur les « allégations de mauvais traitements ».
Pour Onanga Y’Obegue, la coïncidence entre l’arrestation du directeur d’un média critique et le calendrier diplomatique est « troublante ». L’affaire, selon lui, « crée une apparence de répression de la liberté d’expression qui ternit l’image internationale du Gabon ».
Il conclut en insistant : l’affaire Leckat « constitue un test pour la crédibilité de la transition gabonaise». Il appelle le président de la République à veiller au respect des procédures et la communauté internationale à « observer avec attention l’évolution de ce dossier ».





