Dans un contexte social tendu, marqué notamment par les déguerpissements qui ont touché plusieurs quartiers de Libreville, le gouvernement gabonais a pris une décision forte : rouvrir exceptionnellement certains internats fermés depuis plus de vingt ans afin d’offrir un refuge et un cadre d’étude aux élèves les plus vulnérables de terminale.
Cette mesure d’urgence, prise sous les instructions du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema et en collaboration avec la ministre d’État, ministre de l’Education nationale, Camillia Ntoutume Leclerc, vise avant tout à soutenir les candidats au baccalauréat affectés par ces récents bouleversements, à quelques jours des examens nationaux.
Une décision inédite face à une situation d’urgence
L’annonce officielle a été faite, le 14 juin 2025, à la direction de l’Académie provinciale de l’Estuaire, en présence du directeur d’académie Fortune Nguema Owone, du directeur général du Patrimoine, Christian Louembé et de leurs équipes. L’objectif est clair : assurer la continuité pédagogique pour les élèves précarisés, en leur garantissant un hébergement sécurisé, un suivi sanitaire, un encadrement pédagogique renforcé, et un soutien psychologique. « Les internats sont restés fermés depuis plus de deux décennies. Mais face à l’urgence actuelle, le chef de l’État a ordonné leur réouverture progressive dès cette année», a précisé le DAPE, rappelant qu’il ne s’agit en aucun cas « d’un camp ou d’une colonie de vacances », mais bien d’un dispositif exceptionnel pour permettre aux élèves de réussir leur examen.
Des structures rénovées et un encadrement rigoureux
Les internats concernés, dont ceux du Lycée national Léon Mba et du lycée d’État Paul Indjendjet Gondjout, ont été entièrement rénovés. Ils sont désormais équipés de lits, matelas, installations sanitaires (y compris pour les personnes à mobilité réduite) et dotés de personnel qualifié : infirmiers, psychologues, agents de sécurité, cuisiniers et encadreurs pédagogiques.
La vie en internat obéira à des règles strictes : séparation des dortoirs filles/garçons, horaires de repas, encadrement permanent, suivi comportemental. L’entrée d’objets prohibés (alcool, stupéfiants, téléphones en dehors des heures autorisées) est formellement interdite. Une police scolaire veillera à l’application rigoureuse du règlement.
Un soutien scolaire et psychologique renforcé
Au-delà de l’hébergement, c’est tout un programme d’accompagnement qui est mis en place: cours de rattrapage dans les matières clés (philosophie, SVT, histoire-géographie, économie…). Des ateliers de méthodologie, gestion du stress, techniques de rédaction et préparation mentale aux examens y sont aussi organisés.
« Ce n’est pas la veille du bac qu’on apprend à rédiger une dissertation. Il faut s’y mettre maintenant », a martelé le directeur général devant les élèves identifiés lors de la rencontre du 14 juin.
Des élèves recensés et accompagnés jusqu’au bout
Suite à cette rencontre, plus d’une centaine d’élèves de terminale touchés par les déguerpissements – notamment dans les quartiers de la Plaine-Orety, derrière l’Assemblée nationale ou encore aux abords de l’ambassade de Russie – ont été identifiés. Ils seront intégrés progressivement dans les internats, dès ce lundi.
Le transport des élèves depuis leur lieu d’hébergement jusqu’aux centres d’examen sera assuré par l’État. Des repas équilibrés seront fournis, et des protocoles de visite encadrés permettront aux familles de garder un contact mesuré avec leurs enfants.
Entre soulagement et inquiétudes parentales
Cette initiative, bien que saluée, suscite des interrogations légitimes chez certains parents. « Il y a des enfants mineurs qui n’ont jamais quitté le foyer. Comment vont-ils s’adapter ? Qui va vraiment les encadrer ? », confie une mère. Ce témoignage rappelle que la réussite de cette opération repose aussi sur l’aspect humain, affectif et rassurant de l’encadrement.
Le message est lancé à toutes les communautés : « Si vous connaissez un élève de terminale en difficulté, informez-le. L’État est prêt à l’aider à réussir. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalité ».