Comme sous le régime déchu, plusieurs entreprises et institutions publiques ont récemment été secouées par des scandales financiers impliquant mauvaise gestion et détournements de fonds. Malgré l’administration militaire actuelle, ces délits économiques se soldent toujours par de simples suspensions de leurs responsables. Faut-il donc croire qu’au Gabon, il soit possible de détourner des fonds publics sans subir les affres de la loi ?
Malgré des révélations accablantes et des preuves indéniables contre les auteurs des malversations financières, ceux-ci demeurent impunis. Dans certains cas, ces délinquants financiers continuent de bénéficier des privilèges et des promotions des pouvoirs publics. Les dossiers de Gab’Oil, de l’ARTF et plus récemment de la CNAMGS illustrent bien cette impunité persistante. Face à cette impunité, une interrogation s’impose : à quand des poursuites judiciaires contre ces délinquants à col blanc ?
S’agissant de l’affaire Gab’Oil dans laquelle est impliqué François Owono Messi, son ancien administrateur qui aurait validé la création d’une régie d’avance de 46 millions de FCFA pour financer une campagne référendaire, aucune suite n’est donnée à ce détournement camouflé jusqu’à ce jour. Pourtant les Gabonais attendent toujours des éclairages par rapport à ce crime financier. Que deviennent les responsabilités établies contre Brigitte Anguille Mba, d’Audrey Christine Chambrier Voua ou de Landry Bongo Ondimba et tous ceux qui ont participé au siphonnage des caisses publiques ?
L’absence de sanctions dissuasives, stimulée par une gestion déplorable des fonds publics, nourrissent une culture de l’impunité tout en sapant l’efficacité des institutions et érodant la confiance des Gabonais sur la bonne gouvernance financière. Chaque criminel financier qui échappe à la rigueur de la justice incite d’autres à adopter les mêmes comportements. La conséquence immédiate est que les nouvelles générations de cadres emboîtent allègrement le pas de leurs prédécesseurs, consolidant ainsi un système où l’éthique et la transparence sont reléguées au second plan.
Face à ces injustices répétées, il est légitime de se demander sur la portée des réformes promises par le Comité de Transition pour la Restauration des Institutions (CTRI). Ces réformes tant souhaitées seront-elles un jour effectives ? Quand les Gabonais pourront-ils espérer une gestion saine et une justice véritable pour mettre hors d’état de nuire des fossoyeurs de la République ? Telles sont les questions que se posent, à ce jour, plusieurs Gabonais.