Dans tous les pays, le taxi est un moyen de transport indispensable, utilisé tant pour des déplacements personnels que professionnels. Au Gabon, comme ailleurs, le service rendu repose sur un échange monétaire et sur un principe fondamental : le respect du client.
Pourtant, ce dernier principe semble de plus en plus oublié sur les routes de Libreville et des autres grandes villes du pays, où les comportements des chauffeurs de taxi, notamment des « clandomans » (conducteurs de taxis non officiels opérant sur des trajets spécifiques), sont régulièrement pointés du doigt pour leur impolitesse et leur manque de considération pour les usagers.
Un service devenu un parcours d’obstacles un slogan
« Le client est roi », dit-on trivialement. Au Gabon, cette formule résonne davantage comme un vœu pieux, loin de la réalité vécue. Combien d’usagers n’ont-ils pas été confrontés à des chauffeurs refusant de rendre la monnaie, sous prétexte qu’ils n’en ont pas ou rejetant toute proposition qui ne correspond pas à leur propre convenance ? Nathalie Nguema, une usagère régulière des taxis clandos, raconte une expérience édifiante : « Un jour, dans un clando, une passagère n’avait pas de pièces. J’ai voulu l’aider en proposant de payer nos deux places, mais le chauffeur a refusé catégoriquement, affirmant que c’était son taxi et qu’il décidait qui pouvait monter ou non. Face à cette attitude absurde, je suis descendue et j’ai pris un autre taxi qui, lui, a accepté ma proposition. » Ce type de comportement, malheureusement assez fréquent, illustre une forme d’arrogance croissante chez certains conducteurs qui semblent oublier qu’ils ont avant tout une mission de service public. Les témoignages sont légion : des refus systématiques sans explication, ou même, pire encore, des silences méprisants lorsque des clients proposent une destination ou coût qui ne correspond pas exactement aux attentes du chauffeur.
Des tarifs fluctuants selon l’humeur… et l’heure
Autre problème récurrent : la fixation arbitraire des tarifs. Si la hausse des prix durant la crise du Covid-19 pouvait se comprendre dans un contexte de force majeure, il est surprenant de constater que certaines augmentations, censées être temporaires, sont devenues la nouvelle norme. Par exemple, sur l’axe Rond-point–Bambouchine, dans le sixième arrondissement de la commune de Libreville, le tarif qui était passé à 300 FCFA en pleine pandémie reste inchangé, alors même que la situation sanitaire est revenue à la normale. Mieux encore : après 21h, de nombreux clandomans appliquent une nouvelle majoration, en doublant le tarif sans justification claire. Car, selon certains, « c’est comme ça ! », si ce n’est une pratique imposée de manière tacite.
Cette fluctuation des prix, souvent annoncée à la dernière minute, est source de tensions. Le 31 mai dernier, une scène surréaliste s’est produite lorsqu’une cliente a refusé de payer un tarif supérieur à l’habituel 300 FCFA. Le chauffeur, furieux, s’est emporté : il a crié sur la passagère, claqué sa portière avec fracas et insulté copieusement les autres clients, y compris des personnes âgées, sans le moindre respect. Un comportement déplorable qui scandalise et qui alimente le ressentiment des usagers.
Dans un pays où le coût de vie est de plus en plus élevé, chaque franc compte et la moindre pièce ont de la valeur. Les usagers, contraints d’emprunter ces clandos au quotidien, espèrent un encadrement plus strict de ce secteur informel, où le sentiment d’impunité semble régner. Il est temps que ces chauffeurs comprennent qu’ils ne sont pas dans un espace privé ou un territoire acquis, mais dans un cadre professionnel où le respect du client est une exigence fondamentale.
Si travailler dans l’informel donne parfois des ailes, il ne devrait en aucun cas être une licence d’irrespect. Il appartient aux autorités compétentes d’encadrer davantage ce secteur, d’imposer des règles claires, et de sensibiliser ces « rois du transport » afin qu’ils se comportent en véritables professionnels du secteur. Car après tout, le transport public est un maillon essentiel de la vie quotidienne des citoyens. Ceux qui le pratiquent devraient s’en souvenir.