Sous l’impulsion du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, la première réunion de la Commission nationale de la décentralisation (CND) s’est tenue, le 17 juin 2025. Cette rencontre avait pour but de concrétiser une réforme attendue depuis 29 ans, mais jamais appliquée de manière effective.
D’emblée, il convient de rappeler que la décentralisation consiste à transférer certaines compétences de l’État central vers les collectivités locales, telles que les mairies et les assemblées départementales. Cela permet à ces dernières de gérer directement des services publics comme la santé, l’éducation de base, la voirie ou encore la gestion des déchets.
L’objectif est clair : rapprocher l’administration des citoyens. À terme, cette réforme pourrait améliorer l’efficacité des services publics et favoriser un développement plus équilibré du territoire. Elle représente un levier important pour lutter contre les inégalités régionales et redonner du pouvoir aux territoires.
![[Gabon : Décentralisation] Une réforme essentielle mais semée d’embûches 1 [Gabon : Décentralisation] Une réforme essentielle mais semée d’embûches](https://gabonclic.info/wp-content/uploads/2025/06/506486881_1022289016749004_3134930965394648900_n-1024x682.webp)
Une réforme ambitieuse mais complexe
Ces travaux dirigés par le Vice-président de la République, mandaté par le chef de l’Etat pour mener à bien les travaux, a permis d’examiner douze mesures, réparties entre plusieurs ministères, ainsi que des projets de textes législatifs. Au cœur de cette manœuvre, le ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, qui pilote l’ensemble du processus technique et institutionnel.
L’un des points centraux des débats a porté sur le transfert des ressources humaines, c’est-à-dire des fonctionnaires d’État vers les collectivités locales. Car, sans agents qualifiés pour mettre en œuvre les compétences transférées, la réforme resterait inopérante. Autre enjeu majeur : le financement. Le lancement du Fonds de péréquation des collectivités locales, qui vise à équilibrer les ressources entre les régions, marque une avancée significative. Encore faut-il que ce fonds soit réellement alimenté, transparent et efficacement géré.
La mise en œuvre de la décentralisation au Gabon se heurte néanmoins à plusieurs défis. Il s’agit notamment de former et d’accompagner les collectivités locales afin qu’elles puissent assumer efficacement leurs nouvelles responsabilités, tout en veillant à ce que le transfert des compétences s’accompagne des moyens humains, techniques et financiers nécessaires. Des mécanismes de contrôle rigoureux devront également être mis en place pour prévenir la corruption et le clientélisme local. Enfin, il est crucial de garantir la continuité du processus dans un pays où de nombreuses réformes ont, par le passé, été interrompues ou abandonnées.
Un processus préparé en amont
Il est important de rappeler que le deuxième Comité technique de la décentralisation (CTD) avait tenu des rencontres du 26 au 28 février et du 5 au 8 mars 2025. Plusieurs personnalités y ont participé, parmi lesquels Zacharie Myboto, invité spécial du président de la République, qui a partagé avec les participants sa longue expérience dans les affaires publiques.
Un premier pas, mais encore loin but
L’engagement affiché par le Président de la République constitue un signal politique fort. En inscrivant la décentralisation dans son projet de société, il manifeste une volonté claire de transformer la gouvernance du pays. Mais entre l’annonce et la concrétisation sur le terrain, le chemin est long. Les collectivités locales devront être véritablement placées au cœur de l’action publique, dotées de moyens réels et d’une autonomie effective, pour que cette réforme devienne une réalité durable et non un simple effet d’annonce.