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    Gabon : De victimes à mères forcées, un triste sort pour les jeunes filles violées

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    Dans un pays où l’accès à l’interruption volontaire de grossesse est extrêmement limité, les filles enceintes, à la suite d’un viol, sont souvent abandonnées à leur sort. Condamnées à porter et élever un enfant qu’elles n’ont pas choisi, elles deviennent deux fois victimes : de leurs agresseurs, et d’un système qui refuse de les protéger.

    L’histoire est racontée par le quotidien l’Union, dans sa version en ligne. C’est au quartier Ibanga, dans le 1er arrondissement de Tchibanga qu’une enfant de 12 ans, identifiée sous les initiales C.N.M., a été retrouvée enceinte après avoir été violée à plusieurs reprises par un homme de 47 ans, aujourd’hui détenu et en attente de jugement devant la Cour criminelle de Mouila. L’Union précise que «c’est grâce à un appel téléphonique d’une personne de bonne foi que la Police judiciaire (PJ) de Tchibanga a mis fin à l’intense souffrance morale et physique qu’endurait C. N. M.»

    Il faut noter que dans la logique populaire de nos coutumes, chaque grossesse issue d’un viol est une tragédie. Chaque enfant mère est une urgence. Et chaque silence est une complicité. Ce cas, qui n’est pas isolé, devrait relancer le débat sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) au Gabon.

    Ce que dit la loi gabonaise

    Au Gabon, il s’agit d’interruption thérapeutique de grossesse (ITG) et non d’interruption volontaire de grossesse. Cette ITG ne peut être pratiquée qu’avant un délai de dix semaines dans les trois cas suivants : lorsqu’il a été prouvé que l’enfant conçu naîtra avec des malformations physiques graves ou incurables. Si la grossesse compromet la vie de la mère. Si le cas de viol ou d’inceste est prouvé par un comité médical et que celui-ci autorise l’intervention. Cependant dans les faits, très peu de victimes obtiennent ce droit. Les procédures sont longues, complexes et rarement engagées à temps. Une enfant enceinte après un viol n’a quasiment aucune chance d’avoir accès légalement à l’IVG, surtout dans les provinces.

    Des obstacles administratifs et culturels

    Même si la loi gabonaise prévoit une exception pour les cas de viol, il faut qu’une plainte soit déposée, que les preuves soient réunies et que les médecins acceptent d’intervenir. Ce processus peut prendre des semaines, voire des mois. La plupart des victimes si elles ont tenté de poursuivre l’affaire, abandonnent avant leur terme. A cela s’ajoutent des tabous culturels contraignants. Dans certaines communautés, l’avortement est assimilé à un meurtre, quelle qu’en soit la cause. Le poids des traditions, de la religion ou de la honte rend le débat presque impossible dans l’espace public.

    Des adolescentes condamnées à la maternité

    Ce sont souvent des filles très jeunes qui se retrouvent prises au piège de cette législation : violées, enceintées, stigmatisées, exclues du système scolaire et sans accès à une prise en charge adaptée. On impose une maternité forcée à des enfants qui n’ont même pas eu le droit d’enfance.

    Dans les zones rurales, l’accès aux soins est déjà limité. L’idée même de faire une demande d’avortement légal est parfois inconnue. Résultat : ces grossesses vont à terme dans des conditions précaires, avec des conséquences dramatiques sur la santé physique et mentale des victimes. Face à l’augmentation des cas de violences sexuelles, les voix se multiplient pour réclamer une réforme de la loi gabonaise. Mais le sujet reste hautement sensible. Aucun projet de loi n’est officiellement à l’étude. Et dans l’arène politique, rares sont les responsables prêts à aborder frontalement cette question.

    Cependant, dans certains pays africains, la législation sur l’IVG a été totalement libéralisée, sans conditions restrictives. La Tunisie a été pionnière en la matière, en légalisant l’avortement dès 1973. L’Afrique du Sud a suivi en 1997, tout comme le Cap-Vert la même année. Le Mozambique a adopté une loi similaire en 2014. Le Bénin a légalisé l’IVG, jusqu’à 12 semaines de grossesse, en 2021.

    Au Gabon, la loi actuelle n’offre ni protection suffisante, ni compassion réelle à l’égard des victimes de grossesse non désirée. L’indignation ne suffit plus, il faut des mesures concrètes : cellules d’écoute dans les écoles, centres d’accueil pour adolescentes enceintes, suivi psychologique gratuit, procédures judiciaires accélérées pour les cas de viols sur mineures. Laisser ces enfants devenir mères de force, c’est prolonger la violence qu’elles ont déjà subie.

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