Dans un contexte de refondation des institutions gabonaises sous la Cinquième République, le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a lancé un message fort à la Police nationale, prônant exemplarité, rigueur et engagement total au service de l’État.
Libreville, 19 mai 2025. – C’est un message solennel et porteur d’ambition que le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, Hermann Immongault, a adressé aux Forces de police nationale lors d’une importante cérémonie à l’École nationale de police d’Owendo. Devant des troupes rassemblées et plusieurs hauts gradés, le ministre a appelé à une réforme profonde de l’institution policière dans le cadre de la Cinquième République.
La cérémonie, marquée par la remise de médailles d’honneur et la valorisation de la bravoure policière, fut aussi l’occasion de saluer le leadership du président de la République, chef de l’État et du Gouvernement, chef suprême des Forces de défense et de sécurité, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour « la confirmation espérée de son élu au sein du premier gouvernement de la Cinquième République ». S’inscrivant dans la dynamique réformatrice initiée par le CTRI, Hermann Immongault a rappelé que « la Cinquième République n’est pas un simple slogan. Elle impose un changement profond de notre manière de servir l’État ».
Il a exhorté les policiers à se détourner des pratiques contraires à l’éthique républicaine : « Contrôles abusifs et non autorisés, racket, dérives sur les réseaux sociaux », en appelant à « incarner l’exemplarité, la rigueur et le respect de leur mission et des citoyens ».
Le ministre a également mis en lumière la réforme de la Police nationale engagée par le décret n°431/PR/MIS du 25 novembre 2024, visant à adapter les capacités des forces aux nouveaux défis sécuritaires : criminalité organisée, violences basées sur le genre, incivilités, et protection des droits humains. Cette réforme s’est concrétisée par la création de nouvelles unités spécialisées, la formation et le déploiement de 944 sous-officiers et le recrutement de plus de 1 000 agents en formation.
Sur le plan logistique, des avancées notables ont été soulignées : réhabilitation de commissariats à Lastoursville, Port-Gentil, Essassa, ou encore à Bikélé, Nzeng-Ayong et Mouila. Le ministre a aussi évoqué la construction de nouvelles infrastructures, notamment un centre de commandement moderne à Akéminidjongoni.
Pour une police citoyenne et efficace
Mais au-delà des discours et des projets de réforme, la réalité du terrain impose une réaction urgente. Les populations gabonaises ne cessent de dénoncer la corruption généralisée au sein de la Police nationale. Pour les automobilistes, les plaintes sont devenues quotidiennes : contrôles routiers abusifs, extorsions de fonds, intimidations… Le racket semble être érigé en méthode de travail, transformant certains agents en oppresseurs plutôt qu’en protecteurs.
Sur les réseaux sociaux, les images de policiers en uniforme, en état d’ébriété avancé, mêlés à des bagarres publiques, ou adoptant des comportements grossiers, circulent et choquent. Ces dérives ternissent l’image de l’uniforme et sapent la confiance des citoyens dans leur police.
Face à cette situation, la Cinquième République doit impérativement s’accompagner d’une refondation morale de la police gabonaise. Il ne peut y avoir de sécurité crédible sans éthique. Le ministère de l’Intérieur est donc appelé à engager de véritables réformes, profondes et visibles, en matière de discipline, de déontologie et de contrôle.
Cela passe par l’adoption et l’application stricte d’un code d’éthique renforcé, signé et respecté par tous les agents ; la création d’une cellule de contrôle interne réellement indépendante, dotée de pouvoirs d’enquête et de sanction ; l’instauration de formations régulières sur les droits humains et le comportement professionnel ; la protection effective des lanceurs d’alerte internes ou citoyens ; la mise en œuvre de sanctions exemplaires, allant de la suspension à la radiation pour les agents coupables de corruption, d’abus ou d’indignité ; et enfin, par la généralisation d’outils de transparence comme les caméras-piétons pour documenter les interventions.
L’objectif est clair : restaurer l’honneur de la fonction policière et faire émerger une police républicaine, respectueuse, proche des populations, digne de la Cinquième République. Comme l’a résumé le ministre Immongault : « Porter l’uniforme engage. Être policier, c’est servir la loi dans la dignité et l’honneur. C’est protéger les citoyens, parfois au péril de sa propre vie. »
Il est temps que ces mots trouvent écho dans les actes.