Le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux de la République Démocratique du Congo (RDC) a officiellement présenté sa démission, ce mardi 17 juin 2025, au président Félix-Antoine Tshisekedi, dans un contexte de fortes turbulences judiciaires et politiques. La présidence devrait transmettre sa décision au Premier ministre dans les prochaines heures, conformément aux procédures constitutionnelles.
Cette démission intervient trois jours après la levée de l’immunité parlementaire par l’Assemblée nationale de Constant Mutamba, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires dans une affaire de détournement présumé de près de 19 millions de dollars américains, fonds destinés à la construction d’une prison moderne à Kisangani.
Selon les informations émanant du parquet général près la Cour de cassation, le ministre est soupçonné d’avoir orchestré ou facilité le détournement de ces fonds publics via un montage opaque. Il est également poursuivi pour outrage aux institutions, en lien avec sa participation controversée à la libération de certains détenus, sans respect des procédures légales.
Dans un communiqué à la presse, Constant Mutamba a rejeté en bloc les accusations portées contre lui, en dénonçant ce qu’il qualifie de « machination politique ». Il soutient n’avoir ni autorisé ni bénéficié du moindre décaissement dans ce dossier. « Je quitte le gouvernement la tête haute, par respect pour l’article 166 de notre Constitution. Mais je reste serein : la vérité finira par triompher », a-t-il déclaré à la sortie de l’audience à la présidence.
Nommé en mai 2024, avec une posture affichée de réformateur, notamment dans la lutte contre la corruption et l’humanisation du système carcéral, Mutamba voit son image sérieusement écornée par cette affaire. Pour de nombreux observateurs, cette démission marque un tournant dans la volonté de l’État congolais de faire preuve de rigueur dans la gestion des deniers publics.
Le ministre démissionnaire est désormais interdit de quitter Kinshasa et placé sous contrôle judiciaire en attendant les suites de l’instruction.
Cette affaire relance le débat sur les mécanismes de contrôle des finances publiques et sur l’indépendance de la justice en RDC. Plusieurs voix s’élèvent déjà pour réclamer une enquête élargie à tous les acteurs impliqués dans le projet de la prison de Kisangani.
En attendant, le président Félix Antoine Tshisekedi devra procéder rapidement à la nomination d’un nouveau ministre de la Justice, à un moment où le pays prépare plusieurs réformes majeures dans le secteur judiciaire.