Le 5 mai 2025, l’Organisation patronale des médias (OPAM) a organisé, à Libreville, une conférence-débat sur le thème : « La place de la presse gabonaise dans la 5e République ». Cette rencontre s’inscrivait dans un contexte de transition institutionnelle, marqué par l’entrée du Gabon dans une nouvelle ère politique.
En ouvrant ces travaux, Jean Yves Ntoutoume, président de l’OPAM, a dressé un état des lieux du paysage médiatique gabonais. Il a pointé du doigt les dérives causées par l’instrumentalisation politique des médias, le manque de structuration du métier et l’absence criante de formation professionnelle.
« Il est impensable qu’un pays classé 41e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse (Reporters sans frontières 2025) ne dispose d’aucune école ou centre de formation dédié aux métiers de la presse », a-t-il lancé, appelant à des réformes urgentes tant sur le plan juridique (avec un nouveau Code de la communication conforme à la Constitution) que professionnel.
Le président de l’OPAM a également soulevé la question cruciale du financement des médias à l’ère du numérique. Il a dénoncé le modèle actuel du « tout gratuit » : journaux partagés librement sur WhatsApp, presse en ligne consultée sans abonnement, ni rémunération, radios et télévisions accessibles sur les réseaux sociaux sans contrepartie.
Nouvelle consommation
Pour lui, cette gratuité généralisée affaiblit les entreprises de presse. Il propose donc d’explorer la piste d’un partenariat avec les fournisseurs d’accès internet, grands bénéficiaires de cette nouvelle consommation.
La conférence s’est articulée autour de trois interventions majeures. Hyacinthe Marcel Mba Allogo, journaliste expérimenté, est intervenu sur le thème principal (lire par ailleurs) ; Désiré Ename, président de la section gabonaise de l’Union de la presse francophone (UPF), a présenté le sous-thème : « Le cadre juridique de la presse gabonaise dans le contexte de la 5e République » ; tandis que Dorlan Ella, enseignant-chercheur à l’ISSEC-IC, a abordé le second sous-thème : « Le numérique peut-il être un modèle économique viable pour les médias gabonais ? »
Au sortir de ces échanges enrichissants, Jean Yves Ntoutoume a lancé un appel à la responsabilité collective et à l’action :
« Je suis convaincu que seuls les professionnels des médias peuvent eux-mêmes trouver des solutions pour améliorer notre secteur. Les bons gouvernements ont besoin de bonnes idées. Nous espérons que ceux de la 5e République seront à l’écoute de nos propositions », a-t-il conclu.