Dans un communiqué de la Haute autorité de la communication (HAC), publié le 23 janvier 2025, son président, Germain Ngoyo Moussavou, a fermement condamné l’agression physique de Jessica Ondjoua, journaliste de TV+ Afrique, le 20 janvier 2025, survenu dans l’exercice de son métier.
Depuis un certain temps, les journalistes, au Gabon, font face à diverses formes de pressions, allant des menaces et intimidations à des arrestations non-conformes aux procédures légales. L’agression physique de Jessica Ondjoua serait, pour la HAC, la ligne rouge qui ne devrait pas être franchie et estime que cette barbarie est la « goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Habituellement critiquée pour ses sanctions controversées contre les médias, la HAC a pris, pour une fois, position en faveur de la presse pour dénoncer un traitement qu’elle a qualifié d’ignoble.
L’incident a eu lieu à la suite de l’audition d’un ministre à la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI). Ce qui révèle un contexte de tension accrue autour de l’activité journalistique.
Le Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, avait pourtant réaffirmé, lors de sa première rencontre avec les communicateurs, à la veille de sa prestation de serment, le 4 septembre 2023, l’importance de la liberté de la presse. Des mesures concrètes avaient été prises au cours de cette rencontre historique, telles que la restauration de la subvention à 500 millions de francs CFA et l’attribution de postes budgétaires, saluées par tous les professionnels des médias comme des avancées significatives. En plus, le Gabon a récemment enregistré une remontée significative dans le classement de Reporters sans frontières (RSF).
L’agression de Jessica Ondjoua vient mettre en lumière la persistance de pratiques répressives d’un autre âge, exacerbées par l’excès de zèle de certains flagorneurs dans l’entourage des personnalités publiques. Mais surtout une grande confusion désormais perceptible entre la profession de journaliste et l’activisme des influenceurs sur la Toile. Cet amalgame, source d’insécurité dans la profession, compromet le travail des professionnels des médias.
Conscient des défis auxquels font face les journalistes, Ngoyo Moussavou a lancé un appel au respect des droits des professionnels de la presse dans l’exercice de leur mission, qui est d’informer tout simplement. Est-ce un crime ? Question. Pour l’ancien directeur de publication du quotidien national « L’Union », garantir la sécurité et l’intégrité des journalistes est aujourd’hui essentiel pour le renforcement de la démocratie et la lutte contre les abus de pouvoir. Surtout à l’ère de la transition, tournant décisif, pendant lequel le pays aspire à des véritables changements, notamment en matière de gestion des deniers publics.
Cet événement souligne la nécessité d’un engagement collectif pour protéger la liberté de la presse et permettre aux journalistes de travailler sans crainte ni entrave.