Libreville, le 7 juin 2025 – Une vidéo au ton acerbe, devenue virale dès la journée du vendredi 6 juin, a été à l’origine de l’arrestation d’un ressortissant camerounais. Dans cet enregistrement massivement diffusé sur les réseaux sociaux, l’homme, manifestement furieux après la démolition de l’un de ses logements à proximité de l’Assemblée nationale, s’est livré à une diatribe violente contre le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Si l’indignation de cet individu – qui réside depuis plusieurs années sur le territoire national et y a investi – pouvait être compréhensible, son discours a rapidement basculé dans l’excès pour ne pas dire plus. Emporté par une colère démesurée – manifestement doté d’une éducation inachevée – il a proféré des propos jugés, dénonce en chœur la clameur populaire, outrageants à l’égard de la plus haute autorité de l’État, franchissant ainsi un seuil que la loi et les convenances interdisent de dépasser.
Parmi les propos tenus, une phrase en particulier a choqué l’opinion : « Il est l’homme le plus sauvage de la planète », a-t-il déclaré face caméra. Cette sortie inacceptable a suscité une vive indignation au sein de la communauté gabonaise en ligne, avec de nombreux internautes exigeant des mesures fermes à l’encontre de l’auteur de ces propos.
Cinq ans d’emprisonnement
La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre. Le mis en cause a été appréhendé dans la soirée du même jour par les agents de la direction générale des Recherches (DGR). Il pourrait être poursuivi pour « outrage au président de la République ». Une infraction passible de sanctions pénales. L’article 158 prévoit une peine pouvant aller jusqu’à « cinq ans d’emprisonnement » assorti d’une amende maximale de « 5 millions de FCFA ». Le parquet est attendu pour se saisir formellement du dossier dans les tout prochains jours.
Cet épisode remet en lumière les limites encadrant la liberté d’expression, un droit fondamental qui, bien qu’inaliénable, ne saurait servir de prétexte à l’injure ou à l’irrespect envers les institutions républicaines. L’outrance verbale, même motivée par la colère ou la frustration, ne peut se substituer au dialogue respectueux et à la critique constructive.
« Le Gabon n’est pas un paillasson »
Intervenant à ce sujet, le militant de la société civile Jocelyn Louis Ngoma a tenu à recadrer le débat. Loin d’être xénophobe, il estime que « dans la vie, il y a des limites qu’on ne franchit pas, des symboles qu’on respecte et il y a le Gabon qu’on ne piétine pas. »
Pour lui, l’attitude de ce ressortissant camerounais serait d’autant plus choquante qu’elle s’est déroulée sur le sol qui l’a accueilli. « Ce qu’il n’aurait jamais osé faire dans son propre pays, il l’a fait ici, en toute impunité », a-t-il indiqué. Jocelyn Louis Ngoma estime que ce geste serait le résultat de certains compatriotes qui ont légitimé cette dérive, en confiant à des étrangers des postes sensibles de notre administration, au point qu’ils se sentent autorisés à manquer de respect aux plus hautes autorités. « C’est une forme de trahison », s’est-il indigné.