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Gabon : Qui veut saboter les bonnes relations entre la presse et le pouvoir ?

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Le communiqué du ministère de la Communication et des médias, daté du 27 décembre 2024, définissant les nouveaux critères d’éligibilité à la subvention accordée à la presse, a provoqué une onde de choc dans le paysage médiatique gabonais. Réunis au sein d’une coalition, les organes de presse dénoncent vivement une décision qui, selon eux, vise à marginaliser une grande partie des médias et mettre à mal la bonne entente entre le chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguema et ses compatriotes qui ont choisi le métier d’informer.

Il n’aura fallu que quelques heures pour que la colère éclate. Moins de 24 heures seulement après le communiqué du ministère de la Communication, Jean-Yves Ntoutoume, président de l’Organisation patronale des médias (OPAM), a exprimé, au nom de ses pairs, une vive indignation. Ce qu’il qualifie de mesures discriminatoires, suscite frustration et incompréhension au sein de la profession. Cette situation semble d’autant plus incompréhensible que, quelques semaines auparavant, le président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, avait lui-même pris l’initiative de rencontrer les représentants des médias. 

Gabon : Qui veut saboter les bonnes relations entre la presse et le pouvoir ?

En présence de la ministre de la Communication, il avait réaffirmé l’importance de la presse dans la construction démocratique et a promis de débloquer les subventions dans les meilleurs délais. Sans compter qu’en septembre 2023, lors de sa première audience accordée à la presse, le chef de l’Etat avait promis de prendre à bras-le-corps les préoccupations de la presse dans son ensemble pour rendre celle-ci compétitive et qui n’aurait rien à envier à leurs confrères sur le continent.  

Un comité technique avait été mis en place au sein du ministère de la communication pour traiter des critères d’attribution des accréditations des médias à l’occasion d’événements nationaux majeurs.  Cela a été le cas lors du Dialogue national inclusif ou le récent référendum, où les médias nationaux se sont surpassés par des couvertures fluides et instructives à travers tout le territoire national.

Ce comité, qui avait établi des critères équitables pour la couverture médiatique de ces événements, semble aujourd’hui mis à l’écart lorsqu’il s’agit de la subvention comme par magie. Une mise à l’écart qui suscite des interrogations parmi les femmes et hommes de médias : pourquoi ce mécanisme, qui avait fait ses preuves, est-il subitement isolé lorsqu’il s’agit de la gestion des subventions ?

Les jongleries que tente d’établir le ministère de la Communication enrichit les doutes sur les motivations réelles de ses décisions. Les responsables des entreprises de presse s’interrogent : à qui profiterait d’éventuelles tensions entre les autorités publiques et la presse, dont la mission est d’informer et d’éclairer l’opinion publique sur toutes les activités d’utilité publique ?  Cela est d’autant plus préoccupant du fait que les initiatives du ministère de tutelle semblent être en totale contradiction avec les engagements présidentiels.

Gabon : Qui veut saboter les bonnes relations entre la presse et le pouvoir ?

Pour les professionnels des médias, il y a comme une volonté insidieuse à creuser un large fossé destiné à fragiliser la confiance entre les médias et le chef de l’État. Sinon, pourquoi des critères aussi restrictifs, alors que des mécanismes inclusifs avaient toujours été appliqués par le passé ?  Et pourtant, la presse locale qui n’avait pas toujours été bienveillante avec Omar Bongo, n’a pas empêché celui-ci d’être à l’origine de l’attribution d’une subvention de soutien à la presse.

Il est important de rappeler que l’aide à la presse n’est pas une spécificité gabonaise. Partout dans le monde et même dans les pays les plus développés de la planète, les gouvernants ont toujours assisté les médias. Les États-Unis, par exemple, soutiennent financièrement la presse qu’ils considèrent comme un pilier fondamental de la démocratie.

Au Gabon, tout en remerciant les nouvelles autorités d’avoir ramener cette subvention à son montant initial, il faut dire que l’aide accordée aux entreprises de presse, estimée à 500 millions de FCFA, est bien en deçà des montants observés dans des pays pourtant moins nantis, comme le Sénégal. 

Là-bas, elle dépasse largement les 2 milliards de FCFA. Idem au Burkina Faso, au Mali et en Côte d’Ivoire où l’assistance à la presse n’est guère le semblant « d’aumône » qui est jetée à ces entreprises. Restreindre cet appui essentiel à la survie des entreprises de presse, c’est mettre en péril un secteur vital, déjà fragilisé par les crises économiques et les défis du numérique.

La presse gabonaise, au cœur du jeu démocratique, mérite un traitement à la hauteur de son importance. La situation actuelle met en lumière des dysfonctionnements qui, s’ils ne sont pas rapidement corrigés, risquent de détériorer durablement les relations entre les médias et l’État. Alors qu’il est de l’intérêt de la Transition et de la consolidation de la démocratie, qu’un dialogue inclusif et sincère soit permanent entre une presse véritablement indépendante et les pouvoirs publics.

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