Dans le cadre du renforcement de l’écosystème numérique national, le ministre de l’Économie numérique, de la digitalisation et de l’innovation a convoqué une importante séance de travail, le lundi 2 juin dernier, qui a rassemblé les représentants des principaux organes et entreprises du secteur, à savoir l’ARCEP, l’ANINF, Airtel Gabon, Moov Africa Gabon Telecom et GVA
Ce conclave technique avait pour but de faire un état des lieux du secteur numérique au Gabon et à cerner les défis majeurs à relever pour garantir une transformation digitale durable et inclusive. À l’issue des échanges, Mark Alexandre Ndoumba a livré plusieurs recommandations structurantes, traduisant la volonté du gouvernement de faire du numérique un levier central du développement national.
Une feuille de route ambitieuse pour accélérer la digitalisation
Au cœur des orientations dévoilées figure l’objectif de faire progresser la contribution du numérique au produit intérieur brut, en portant sa part de 5 % à 8 %, avec pour perspective d’atteindre le seuil international de 15 % à moyen terme. Le ministre a également mis l’accent sur la mutualisation des infrastructures, en incitant les opérateurs à nouer des partenariats stratégiques afin d’optimiser les ressources et d’étendre la couverture réseau.
Autre priorité : l’amélioration tangible de la qualité de service, qui doit s’appuyer sur des investissements structurants, durables et intelligemment orientés. Le ministre a aussi souligné l’urgence de garantir un accès équitable à Internet sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones les plus isolées. Enfin, il a insisté sur la nécessité de renforcer la communication avec les usagers, afin de bâtir une relation de confiance fondée sur la transparence et la redevabilité.
Des disparités numériques encore trop marquées
Si le Gabon figure officiellement aujourd’hui parmi les pays les mieux connectés d’Afrique centrale, la réalité reste contrastée sur le terrain. De nombreuses localités, notamment les rurales, demeurent en marge du progrès numérique. Certaines zones sont ainsi totalement coupées du monde, faute de couverture réseau, exposant leurs populations à une forme d’exclusion digitale inquiétante.
C’est le cas, par exemple, de l’axe Lastrouville (Ogooué-Lolo) – La Lopé (Ogooué-Ivindo), un trajet de plus de 10 heures qui traverse la dense forêt des Abeilles, sans le moindre accès à Internet ni réseau mobile. Les usagers de cette route nationale, qu’ils soient routiers ou voyageurs occasionnels, se retrouvent plongés dans un isolement numérique absolu, sans possibilité de passer un appel ou de demander de l’aide en cas d’incidents.
Ce constat met en évidence l’urgence de déployer des infrastructures de connectivité dans les zones enclavées. L’installation d’antennes relais dans ces régions reculées ne constitue plus une option, mais bien une nécessité impérieuse pour garantir à tous les Gabonais un accès équitable aux services numériques. Ce désenclavement technologique est désormais au cœur des enjeux de développement territorial, de sécurité des populations et de cohésion nationale.