Le Conseil des ministres du 30 mai 2025, sous la conduite du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a annoncé la création de cinq fonds stratégiques visant à accélérer la transformation structurelle de l’économie.
Ces instruments financiers ciblent les secteurs clés de l’énergie, de la pêche, de l’habitat, des infrastructures et de l’agriculture, dans une logique de souveraineté et de développement durable.
Le Fonds national pour l’énergie et l’eau (FNEE) pourrait combler un déficit énergétique chronique qui freine la croissance. Alors que la demande nationale en électricité avoisine 11 000 mégawatts, l’offre disponible ne couvre qu’environ 10 % de ce besoin. À Libreville, les délestages sont devenus quotidiens, révélant une urgence à moderniser les réseaux et renforcer les capacités de production.
Pour améliorer l’accès à l’eau et à l’électricité, l’État a lancé des projets structurants : 18 systèmes d’adduction d’eau, 600 forages (dont 400 en réhabilitation), 20 mini-réseaux pour les villages de plus de 300 habitants et huit centrales thermiques pour couvrir 2 400 localités rurales. À Libreville, un programme dédié ambitionne de porter l’accès à l’eau potable de 55% à plus de 75 %, bénéficiant à 300 000 personnes supplémentaires, selon Afro Baromètre.
Le Fonds stratégique pour le développement de la pêche et de l’aquaculture (FDPA) doit permettre au Gabon de valoriser son immense zone économique exclusive de 213 000 km², l’une des plus poissonneuses d’Afrique centrale. Ce secteur, qui ne contribue aujourd’hui qu’à 1,5 % du PIB, sera restructuré à travers la modernisation des équipements, le renforcement des chaînes de transformation et la formation des acteurs locaux.
Face à un déficit de logements estimé à 265 000 unités d’ici fin 2025, le Fonds gabonais pour l’habitat et le logement (FGHL) s’attaque au déficit dans ce secteur. L’Etat envisage de construire 6 000 logements sociaux d’ici 2026, tout en soutenant les initiatives privées et en encadrant le marché afin d’en améliorer l’accessibilité.
Le Fonds national pour les infrastructures (FNI) soutiendra la modernisation des réseaux de transport, d’éducation, de santé et d’accès aux services essentiels. Il constitue un pilier du Plan national de développement et doit contribuer à réduire les inégalités entre les régions, tout en favorisant une relance économique inclusive.
Enfin, le Fonds stratégique agricole (FSA) a pour objectif de dynamiser la production locale, dans un pays encore dépendant des importations alimentaires. Le Gabon dispose de 5,2 millions d’hectares de terres arables, d’une forte pluviométrie et d’un réseau hydrographique dense. Pourtant, l’agriculture ne représente que 5 % du PIB et reçoit moins de 1 % du budget national selon de FIDA. Ce fonds ambitionne de structurer les filières, créer des emplois durables et renforcer la sécurité alimentaire.
Par ces cinq leviers financiers, le Gabon entend sortir de sa dépendance aux hydrocarbures et poser les bases d’un modèle économique plus diversifié, résilient et souverain. Cette stratégie marque un tournant dans la vision de développement du pays et témoigne d’une volonté claire de refondation nationale.