Reporters sans frontières (RSF) a publié une note dans laquelle l’organisation propose dix mesures concrètes pour améliorer la liberté de la presse au Gabon, aujourd’hui positionné à la 56e place dans le classement mondial de la liberté de la presse.
Près de deux ans après le coup de la libération, le nouveau président, Brice Clotaire Oligui Nguema, est maintenant élu à la tête du pays. Reporters sans frontières (RSF) lui demande de tenir ses promesses et de garantir une presse libre et indépendante.
Même si l’ambiance est relativement détendue pour les médias depuis la Transition commencée en août 2023, le système reste fragile. C’est le bon moment, selon RSF, pour poser les bases d’un vrai changement. « Il y a eu un petit mieux, mais les problèmes sont toujours là », affirme Sadibou Marong, responsable Afrique subsaharienne chez RSF. Parmi les soucis : un Code de la communication qui mérite d’être revisitée, une indépendance de l’organisme qui régule les médias qui questionne, et des difficultés pour accéder aux informations officielles. Bref, tout cela freinerait encore beaucoup les journalistes dans leur travail.
Il y a bien eu quelques progrès, comme le retour de journalistes exilés ou la fin des peines de prison pour les délits de presse. Mais pour RSF, ce n’est pas suffisant. Le président de la République avait promis, en janvier 2025, de garantir la liberté de la presse. Il est temps maintenant de le prouver à travers un nouveau Code la communication, qui doit remplacer l’actuel taillé sur mesure par un ancien ministre de la Communication, un certain Alain-Claude Bilié-By-Nzé pour ne pas le citer.
Voici les dix propositions faites par RSF à Oligui Nguema :
1. Modifier les articles flous du Code de la communication de 2016, qui mettent les journalistes dans une situation juridique incertaine.
2. Donner un accès équitable à l’information pour tous les médias, surtout les indépendants.
3. Condamner publiquement les agressions contre les journalistes et poursuivre les commanditaires.
4. Mettre fin aux intimidations de la part des forces de sécurité.
5. Arrêter de suspendre arbitrairement les médias.
6. Permettre aux journalistes de participer au choix des membres de la Haute Autorité de la Communication (HAC).
7. Modifier la loi de la HAC, notamment l’article 55, qui permet des sanctions sans vraie concertation.
8. Rendre transparent le processus d’accréditation des journalistes étrangers.
9. Former les juges et les forces de l’ordre à la nouvelle législation sur les délits de presse.
10. Mettre en place un financement transparent et équitable pour les médias, sans favoritisme.
RSF estime que c’est l’occasion de poser des bases solides pour la liberté de la presse au Gabon, un pays qui entre dans une nouvelle phase politique, les journalistes attendent des gestes concrets.