Dans un pays où la souveraineté devrait être un principe fondamental, il est paradoxal que les institutions publiques soient logées dans des immeubles en location. Les cours et tribunaux, par exemple, censés incarner l’autorité et la stabilité publiques, occupent des bâtiments vétustes, appartenant à des particuliers. Une situation qui soulève des interrogations sur la gestion du patrimoine public et le respect de la souveraineté nationale.
Comment expliquer que des institutions publiques se retrouvent locataires d’espaces privés ? La réponse semble résider dans une gestion défaillante et une négligence endémique des autorités pour des structures aussi essentielles.
Et c’est le combat que voudrait mener le ministre de la Justice, Paul-Marie Gondjout, qui a annoncé son intention de mettre fin à cette dépendance qui perdure depuis des décennies. Le 31 janvier dernier, le Garde des sceaux a présidé une séance de travail visant à valider les termes de référence du protocole d’entente et de partenariat avec la société CICOP CI pour la réhabilitation et la construction des infrastructures judiciaires.
Le statut de locataire des institutions publiques, principalement l’administration judiciaire, est symptomatique d’une gouvernance défaillante. Ces bâtiments, souvent insalubres et mal entretenus, entravent l’autonomie de l’État. Ils ne répondent pas aux normes de sécurité et de confort nécessaires pour garantir une justice efficace et indépendante. Ce paradoxe d’un État souverain, dans la nécessité de louerdes bâtiments privés pour loger ses institutions, traduit un manque de vision dans l’aménagement du patrimoine d’Etat et la construction d’infrastructures publiques.
Les tribunaux gabonais, disséminés à travers le pays et logés dans des édifices privés, reflètent d’une gestion publique sans stratégie pour assurer la pérennité des obligations judiciaires. Les conditions de travail des magistrats et agents de la justice ne peuvent qu’être déplorables, ce qui affecte indubitablementleur efficacité et, in fine, la qualité du service rendu aux citoyens.
L’annonce des réformes préconisées par le ministre Gondjout est un pas important dans la bonne direction, mais soulève une question : cette initiative suffira-t-elle à inverser la tendance ? Réhabiliter et construire de nouveaux bâtiments pour les services judiciaires s’avèrent un besoin essentiel, mais cela ne suffira certainement pas sans une vision à long terme pour le développement des infrastructures publiques. Le Gabon doit investir dans des structures durables, adaptées aux besoins du pays, en renforçant la gestion des ressources publiques et la gouvernance.
La transition actuelle offre une occasion pour poser les bases d’un Gabon plus souverain et respecté sur la scène internationale. La fin du statut de locataire des institutions publiques serait une grande avancée pour l’État, mais aussi un grand pas pour la nation vers une réelle indépendance du service public.