Le départ en cascade des responsables et militants de l’ancien parti au pouvoir, étrenné depuis l’annonce par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, d’une réforme de la loi sur les formations politiques – une résolution des assises du Dialogue national inclusif d’avril 2024 -, c’est désormais le sauve-qui-peut dans les états-majors politiques.
Partira ou partira pas. C’est la question sur toutes les lèvres à Louis, à propos de la position du Vice-président du Parti démocratique gabonais (PDG), Paul Biyoghe Mba. En effet, selon certaines indiscrétions, la « Tortue de Bikélé » serait sur le point de sauter du navire, comme l’ont fait avant lui un groupe de hiérarques originaires du Woleu-Ntem.
Si, jusqu’à ce jour, une éventualité de sa démission n’est pas encore annoncée, ce ne serait plus qu’une question de jours, voire d’heures. Car, selon toujours les mêmes indiscrétions, Paul Biyoghe Mba nourrirait de sérieuses intentions pour les prochaines législatives, dans le nouveau parti en gestation.
A l’approche de la campagne pour l’élection des députés, l’ancien Premier ministre songerait à briguer de nouveau le siège du 3e arrondissement de Ntoum. Si d’aucuns s’interrogent pourquoi Paul Biyoghe Mba sauterait du navire PDG pour un siège à l’Assemble nationale, pour les observateurs avertis de la scène politique de l’Estuaire, « La Tortue de Bikelé » aurait d’autres ambitions. Il viserait plutôt le perchoir du palais Léon-Mba.
Il se susurre d’ailleurs, avec insistance, que ravir le fauteuil actuellement occupé par Jean-François Ndongou serait une consécration pour l’ancien chef de file politique du Komo-Mondah. Conscient que le président de l’Assemblée de transition n’a aucune chance de s’y maintenir, la tortue de Bikelé, futée et calculatrice, avance ses pions.
Si le désirer est facile, le réaliser est un tout autre challenge. En effet, sa nomination au poste de Premier ministre, en 2009, avait été vue comme une caution, voire une carte blanche de l’élection controversée d’Ali Bongo cette année-là. Signe des temps, la situation désastreuse de l’administration porte son empreinte. Elle a été complément chamboulée le 19 octobre 2009.
Epuration ethnique dans l’administration en 2009
Malheureusement, malgré cette « trahison », il avait passé moins de trois ans à l’immeuble du 2-Décembre, siège de la Primature. En 2012, manquant de rigueur, d’efficacité et surtout brillant par une épuration ethnique – le Tsun’Ali – au sein de l’administration, il fut remplacé par Raymond Ndong Sima pour sortir le tout nouveau règne d’Ali Bongo de la torpeur, tout en lui laissant le loisir de s’adonner à un tourisme diplomatique à travers la planète.
Cet intermède, dans la vie politique de Paul Biyoghe Mba, a pesé lourd dans la balance politique de l’Estuaire. En effet, après Raymond Ndong Sima, remplacé par Daniel Ona Ondo à la Primature, un autre fils du Komo-Mondah, Julien Nkoghe Bekale, a pris la tête du gouvernement, devenant ainsi la première personnalité politique du département. Reléguant ainsi Paul Biyoghe Mba à l’arrière-plan.
Depuis lors, Biyoghe Mba a fait semblant de s’effacer de la scène politique. Mais en réalité, ce n’était que ruse de tortue. Car, après « la libération » du 30 août 2023, au moment où le Parti démocratique gabonais (PDG) battait de l’aile, il est sorti de sa somnolence pour se rapprocher de Louis. Il savait que la déchéance du « Distingué camarade » allait être suivie d’une fuite des militants et de la hiérarchie du PDG.
Quitter le navire PDG pour mieux se positionner
Ainsi, il pourrait aisément se glisser dans les rangs des prétendants à la tête de la première formation politique du pays. Car, il est connu dans nos savanes africaines que « même si le lion est mort, le chat ne fait jamais de sa peau un terrain de jeu ».
Dans la vision de Paul Biyoghe Mba, si le PDG a été déchu de son piédestal de parti au pouvoir, il demeure la formation politique la mieux implantée sur le territoire national. « Un bout de bois éteint peut se rallumer plus rapidement que le bois le plus sec », enseigne une autre sagesse. « La Tortue » s’est donc dit que l’heure de sa revanche avait sonné.
C’est ainsi qu’il s’est retrouvé Vice-président d’un PDG sans président, le « Distingué camarade » étant devenu inapte.
A l’approche des élections législatives, l’ancien président du Mouvement commun pour le développement (MCD) serait en train d’échafauder un autre plan lui permettant de quitter à nouveau le PDG, pour mieux se repositionner dans les futurs débats politiques. Mais avec quelles troupes ? Son départ du PDG serait donc loin d’être un séisme à Louis.
Mais une tortue est capable d’entourloupes les plus inattendues, pour ne pas se faire oublier. D’ici le 27 mai, le jeu de Paul Biyoghe Mba sera découvert.