La patrouille entreprise, le 19 juin dernier à Bitam mérite non seulement d’être saluée, mais aussi des félicitations à la procureure d’Oyem, Périne Ada Obiang. Un exemple que devraient suivre ses collègues des grandes agglomérations du pays, particulièrement ceux de Libreville.
Le 19 juin 2025, la procureure d’Oyem, Périne Ada Obiang, est sortie de son bureau du tribunal d’Oyem pour mener une opération de contrôle dans la ville de Bitam. Au cours d’une patrouille nocturne, organisée dans le prolongement de l’audience foraine tenue dans cette ville, les délits constatés s’avèrent des faits récurrents à Libreville et ses environs. En effet, comme le rapportent certains confrères, si un mineur a été trouvé en compagnie de ses parents dans une beuverie, à une heure inconvenante, a pu scandaliser certains, ce fait paraît, paradoxalement comme un détail par rapport à ce qui se vit dans la capitale.
Et pour cause. A Libreville, voir déambuler, très tardivement, des gamins d’une dizaine d’années dans les rues, n’émeut plus grand monde. Y compris les autorités qui semblent avoir démissionné de leur devoir de ramener l’ordre et de lutter contre les mauvaises mœurs. Si à Bitam, la population a encore la crainte de la force publique, dans d’autres localités, ce n’est pas le cas. Au contraire, celle-ci se montre parfois complice des égarements des citoyens.
Attablés dans des bars, autour des bouteilles de bière, voire de liqueur
Les nuisances sonores, qui crèvent les tympans à Libreville, accompagnées d’une délinquance juvénile, régulièrement dénoncée, mais jamais réprimée, augmentent chaque jour un peu plus. Voir des enfants attablés dans des bars, autour des bouteilles de bière, voire de liqueur, n’est plus une curiosité.
En somme, la dépravation des mœurs n’est plus discréditée à Libreville, elle se vit au quotidien. Les parents, comme les forces de l’ordre, ne sont plus capables d’encadrer cette jeunesse en perdition. Peut-on encore s’étonner de la multiplication des actes d’agression dans les rues ? Les violences dans les écoles et sur les places publiques, pourtant au coeur de toutes les critiques, ne font l’objet d’aucune politique volontariste à même de les enrayer. Au contraire, elles feraient même partie du décor de nos villes.
Rêver d’une génération de cracks
« Qui veut gravir une montagne commence par le bas », disent les Chinois. Pour développer notre pays, pourra-t-on compter sur ce bas représenté par notre jeunesse dont l’éducation est à rebrousse-poil de la normalité ? Certes, les résultats (98,70% du taux de réussite) du Certificat d’études primaires (CEP) 2025 font rêver d’une génération de cracks, mais les parents et les autorités publiques pèchent aussi dans le suivi de ces enfants. Lesquels, si rien n’est fait, seront les loubards de demain.
Si les exemples ne sont pas légions, l’acte posé la semaine dernière par la procureure Périne Ada Obiang à Bitam ne doit pas être considéré comme une opération isolée. Des descentes de l’autorité judiciaire, en collaboration avec les forces de sécurité, dans les quartiers doivent devenir des convenances qui participent à la moralisation des citoyens. On se rappelle que Sidonie-Flore Ouwé, alors procureur de Libreville, n’hésitait pas à faire des descentes inopinées dans les quartiers, dans le seul but de s’enquérir du respect de l’ordre public.
La morale populaire
Ces mêmes opérations de contrôle doivent se faire dans toutes les villes du pays. « Il n’est jamais trop tôt pour prévenir le danger », nous apprend la morale populaire. Ce serait vraiment dommage que les petits chérubins qui viennent de démontrer leur aptitude à apprendre, en réussissant avec brio le premier examen du parcours scolaire, deviennent des démons en copiant leurs aînés dont l’éducation semble être un échec. Sinon, comment comprendre qu’un adolescent se retrouve dans la rue ou dans un bistrot, en pleine nuit, au moment où ses parents sont en train de dormir ?
Nos ancêtres conseillaient : « Un bon père de famille doit être partout, le dernier couché, le premier debout. » Si des parents irresponsables peuvent se permettre de se faire accompagner de leur rejeton mineur dans les lieux de perdition, peut-on encore parler de responsabilité parentale ?
La procureure Périne Ada Obiang mérite donc des félicitations du gouvernement pour cet action de salubrité publique, en vue d’encourager d’autres de ses collègues la voie.