Ce mercredi, le Conseil des ministres, présidé par le chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguema, au Palais de la présidence de la République, le 4 juin 2025, a réaffirmé la nécessité de moraliser la vie politique et de refonder le contrat républicain sur des bases plus saines.
Parmi les priorités abordées par le Conseil des ministres figuraient deux chantiers majeurs issus du Dialogue National Inclusif : la réforme des partis politiques et la réorganisation des circonscriptions électorales.
Pendant plusieurs décennies, le paysage politique gabonais a souffert d’une prolifération anarchique de formations sans véritable assise ni projet de société cohérent. Depuis l’instauration du multipartisme au début des années 1990, il suffisait de quelques formalités pour créer un parti. Si cette ouverture répondait à une volonté de pluralisme après l’ère du parti unique, elle a très vite dégénéré en un foisonnement de micro-partis, parfois motivés uniquement par la quête de financements publics ou de postes électifs. Le résultat : clientélisme, marchandage des investitures, instabilité électorale et affaiblissement du débat démocratique.
Face à ce constat alarmant, le projet de loi soumis au Conseildes ministres par le ministre de la Réforme et des relations avec les institutions entend assainir l’espace politique. Il introduit de nouvelles conditions strictes : un seuil minimum de 9 000 adhérents répartis dans les neuf provinces du pays, l’obligation de participation à deux scrutins successifs sous peine de dissolution et une comptabilité transparente sous le contrôle de la Cour des comptes. L’objectif est clair : encourager l’émergence de partis crédibles, enracinés et actifs, capables de porter une véritable vision nationale.
Le projet de loi prévoit également un encadrement du pluralisme et des médias. Les partis représentatifs bénéficieront d’un accès équitable aux médias publics, tandis que seuls ceux respectant les nouvelles normes pourront être consultés par les institutions. Loin de restreindre les libertés, cette réforme vise à restaurer la valeur, la responsabilité et la légitimité de l’engagement politique, aujourd’hui gravement dévoyé.
Consciente de l’ampleur du changement, la réforme prévoit une période transitoire de six mois, pour permettre aux partis existants de se conformer aux nouvelles exigences. Passé ce délai, les formations non conformes seront suspendues, puis radiées. Cette réforme ambitieuse marque une étape décisive vers une démocratie plus responsable et plus représentative. Elle offre une chance inédite de redonner à la politique son véritable sens : celui du service de la nation.