Depuis l’avènement du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) au pouvoir, le paysage politique gabonais est en pleine mutation. Après l’adoption de la nouvelle Constitution via le référendum en novembre dernier, la scène politique est marquée par des mouvements incessants de démissions et d’adhésions entre partis, révélant une profonde instabilité.
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Au cœur de ce tumulte se trouve le Parti Démocratique Gabonais (PDG), autrefois hégémonique et au pouvoir pendant plus de 50 ans. Ce géant politique, longtemps perçu comme une forteresse imprenable, traverse une crise majeure. Les démissions répétées de militants et de cadres depuis trois mois témoignent d’une désaffection sans précédent, exacerbée par les bouleversements post-coup d’État.
Un parti en déclin ou une stratégie calculée ?
Alors que certains voient dans ces départs massifs le signe d’un géant aux pieds d’argile, d’autres y perçoivent des dynamiques plus complexes. De nombreux observateurs critiquent ce qu’ils qualifient de « profito-situationnisme ». Selon eux, ces anciens militants, habitués à jouir des privilèges du pouvoir, chercheraient à maintenir leur influence en rejoignant d’autres mouvements ou en s’alignant sur les nouvelles personnalités dominantes de la transition.
Un enjeu autour d’Oligui Nguema
Certains analystes vont plus loin, estimant que ces démissions pourraient s’inscrire dans une stratégie subtile visant une proximité avec le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, en vue d’une éventuelle candidature. Ces manœuvres rappellent, selon eux, la stratégie adoptée par ces mêmes acteurs n’était en réalité qu’une manière de s’assurer une place au soleil pendant les deux mandats d’Ali Bongo Ondimba jusqu’à sa chute.
Ce positionnement tactique démontre la dangerosité de cet équilibrisme intéressé. Sinon, si ces figures continuent de graviter autour des centres du pouvoir, le Gabon ne pourrait-il pas retomber dans les travers d’un système que la Transition tente justement de réformer ?
Vers une refondation politique ?
Cette situation met aussi en lumière les défis d’une transition réussie. Elle pose également une question cruciale : le Gabon est-il en train de se débarrasser de ses anciennes pratiques ou de les voir se réinventer sous de nouvelles formes ? Le pari d’un changement durable repose désormais sur la capacité du CTRI et des acteurs politiques sincères à faire prévaloir l’intérêt général sur les ambitions personnelles.
Dans ce contexte, les prochains mois seront décisifs pour l’avenir politique du Gabon. Le pays doit non seulement consolider les acquis de la Transition, mais aussi veiller à ce que les promesses d’une gouvernance nouvelle et une justice sociale ne soient pas détournées par des opportunistes déguisés en réformateurs.