Depuis le coup d’État du 30 août 2023, le Gabon vit sous un régime d’exception, dont la sécurité publique. Une restriction horaire a été instaurée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) afin de garantir la sécurité publique. Bien perçue au départ, cette décision, suscite aujourd’hui de plus en plus de critiques, notamment depuis son durcissement, samedi dernier, par les forces de l’ordre.
Bien que l’objectif soit de protéger les citoyens et d’assurer l’ordre public, le couvre feu n’est pas sans conséquences. Si d’un côté, il est salué comme une nécessité pour maintenir la sécurité en période de transition, il est aussi vu comme une entrave à la liberté individuelle, notamment pour les noctambules. De plus, les préoccupations économiques, liées à la fermeture des commerces et à la restriction des déplacements, sont de plus en plus fortes.
La situation s’est aggravée dans la nuit du 14 au 15 décembre, lorsque plusieurs personnes ont été arrêtées pour avoir enfreint l’heure du couvre-feu. Même si l’application de la loi était attendue, les conditions de ces interpellations ont suscité une vive indignation du fait des traitements infligés aux contrevenants. L’ampleur des sanctions, comme le rasage forcé des personnes arrêtées, a soulevé des questions sur la proportionnalité des réponses. La question de la sécurité sanitaire est donc engagée, avec des craintes de transmission éventuelle de maladies, telle que le VIH, lors de ces arrestations musclées.
Ces événements soulèvent une interrogation plus large : si le couvre-feu est effectivement justifié pour la sécurité publique, il semble que l’application de cette mesure mérite d’être revue. Les méthodes utilisées pour faire respecter cette règle doivent être plus mesurées et respectueuses des droits fondamentaux des citoyens.
Tout compte fait, le peuple gabonais se trouve dans une période de forte indécision, tiraillé entre le désir de retrouver une vie normale et le besoin de sécurité dans un contexte politique incertain. Il revient donc au CTRI de poursuivre ses objectifs de sécurité, tout en réévaluant ses méthodes pour éviter de creuser davantage le fossé entre les autorités et la population.