Libreville, 31 mai 2025 — Majestueusement perché au cœur de la capitale, cette arène mythique, qui a fait vibrer le cœur de la République, demeure un symbole poignant de la gloire passée et de l’espoir inachevé de l’histoire sportive du pays, toutes disciplines confondues. Inauguré en 1970 et capable d’accueillir jusqu’à 40 000 spectateurs, ce colosse architectural a longtemps été un véritable sanctuaire où se sont écrites les plus belles pages de l’histoire particulière du football national.
Entre les années 1970 et le début des années 2000, cette enceinte mythique a vibré sous les exploits de l’équipe nationale, Azingo National puis les Panthères du Gabon, lors de duels enflammés face aux cadors du continent africain. Les tribunes ont résonné des chants patriotiques fervents des supporters, exaltés par les prouesses de figures emblématiques comme, entre autres, François Amégasse, Aubame Yaya, Daniel Cousin, « Petit Mabouela » Eric Mouloungui, Théodore Zué Nguema ou Shiva Star Nzigou et bien d’autres.
Mais le stade Omnisport Omar Bongo n’était pas seulement un théâtre de performances sportives. Son gymnase a été aussi un haut lieu de la culture et du divertissement qui a accueilli des artistes de renommée mondiale comme l’icône sénégalaise, Youssou N’Dour ou l’emblématique groupe antillais Kassav. Des événements phares tels que « la Grande nuit de la musique » y ont vu défiler des stars internationales à l’image de Ja Rule, Eve, Shaggy et des talents locaux comme Koba Building, qui ont fait vibrer Libreville au rythme d’une communion populaire inégalée.
Un géant à l’arrêt
Aujourd’hui, ce monument de la mémoire collective gît dans l’oubli, laissé à la merci intempéries. Les travaux de réhabilitation, maintes fois annoncés, se sont transformés en promesses creuses, enchaînant des retards et finalement l’arrêt du chantier, dans un flou institutionnalisé. La ferraille rouillée, les tribunes désertes et la pelouse envahie de broussailles témoignent l’abandon d’un patrimoine public dans un silence complice.
Pour beaucoup de Gabonais, le sort de l’Omnisports Omar Bongo est devenu le symbole d’un immobilisme criant. Tandis que d’autres pays du continent rénovent leurs infrastructures sportives et se rivalisent pour accueillir les plus grandes compétitions, le Gabon semble figé dans le temps, spectateur impuissant de la déliquescence de l’un de ses emblèmes les plus puissants.
L’espoir d’un regard d’Oligui Nguema et de Barro Chambrier
La réhabilitation du Stade omnisports Omar Bongo est devenue un véritable serpent de mer dans les programmes gouvernementaux. Pourtant, sa renaissance pourrait incarner bien plus qu’un simple chantier d’une infrastructure d’importance, elle porterait sur une dimension identitaire, sociale et politique. Redonner vie à ce stade, c’est redonner confiance à une jeunesse en mal de repères, c’est raviver une fierté nationale en berne. Et c’est enfin recréer un espace de communion et de rayonnement.
Alors que le Gabon entame une nouvelle étape de son existence avec les nouvelles autorités, nombreux sont ceux qui espèrent que la volonté politique se traduira enfin en actes. Car au fond, une seule question demeure : quand est-ce que le rideau se lèvera-t-il à nouveau sur l’Omnisports Omar Bongo ?
En attendant une réponse convenable, le silence des gradins continue d’interroger et le temps gagne dans sa marche d’usure. Les souvenirs, eux, s’émoussent.