Alors qu’elle n’assure que l’intérim, Mme Comlan « nomme » – une prérogative réservée uniquement au président de la République – un « directeur des prestations sanitaires sociales ». Ce cafouillage questionne très clairement la rigueur des militaires par rapport au fonctionnement de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale et jette un discrédit sur la restauration des institutions tant souhaitée par les Gabonais.
Dans l’univers institutionnel gabonais, les décrets présidentiels incarnent l’autorité suprême et matérialisent la vision stratégique de l’État. Cependant, sous l’intérim de Mélina Nkole Aboughe Obame-Comlan, à la tête de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), une dérive inquiétante remet en cause le caractère sacré de ces actes, particulièrement en ce qui concerne les nominations et révocations de cadres nommés par décret.
Une remise en cause des actes présidentiels
Désignée par le ministère de tutelle comme directrice générale par intérim pour gérer les affaires courantes, Madame Comlan semble ignorer les limites de ses prérogatives. En relevant de ses fonctions un cadre nommé par décret présidentiel – en l’occurrence, le directeur des Prestations sanitaires et sociales –elle outrepasse clairement le cadre juridique et administratif imposé par la hiérarchie.
Les décrets présidentiels, qui émanent de la plus haute autorité de l’État, ne peuvent être modifiés ou contournés sans suivre le principe du parallélisme des formes, lequel impose que toute modification respecte le même processus que celui ayant conduit à leur adoption. En bafouant cette règle fondamentale, dame Comlan érode les bases mêmes de la légalité administrative.
Un intérim hors de ses attributions
La gestion des affaires courantes est la seule mission d’un intérimaire. Cependant, les décisions de Madame Comlan vont bien au-delà de cette prérogative limitée. Révoquer ou reconfigurer les fonctions d’un cadre nommé par décret, sans consultation, ni validation officielle, constitue une violation manifeste de ses obligations et un affront direct à l’autorité présidentielle. Une telle attitude ne serait-elle pas liée à la suspension de sa hiérarchie ? Chercherait-elle à occuper le poste en nuisant à autrui ? Une telle hypothèse, si elle se confirmait, révélerait une volonté délibérée de contourner les règles pour s’imposer dans une fonction qui ne lui a pas été attribuée de manière formelle.

La désacralisation des décrets : un précédent dangereux
Ces dérives ne peuvent être considérées comme de simples erreurs administratives. Elles traduisent un mépris pour l’autorité suprême et affaiblissent la portée des actes présidentiels. En instaurant un précédent de non-respect des décrets, elles fragilisent la structure institutionnelle du Gabon et minent la confiance publique dans la rigueur de ses gouvernants.
Un silence troublant des autorités de tutelle
Malgré la gravité des faits, le ministère de tutelle (ministère des Affaires sociales) n’a émis aucune réaction officielle. Ce silence, qu’il soit le résultat d’une complaisance, d’une ignorance ou d’une indifférence, questionne sur la responsabilité des autorités compétentes et sur leur capacité à réagir face à de telles dérives.
Un appel urgent au président de la transition
Il est crucial que le président de la Transition intervienne pour réaffirmer le caractère inviolable des décrets présidentiels et rappeler aux administrateurs intérimaires les limites de leurs fonctions.
Que ces actes soient motivés par une méconnaissance des règles ou par une nostalgie des pratiques de l’ordre ancien, ils ne peuvent rester sans conséquence. Restaurer l’autorité de l’État, protéger les décrets présidentiels et garantir une gouvernance exemplaire sont des impératifs pour le Gabon en transition.