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    Radiation de Tidiane Thiam de la liste électorale en Côte d’Ivoire : Tous les ingrédients seraient-ils assemblés pour une nouvelle implosion ?

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    Après la décision d’un tribunal de radier le nom du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), les Ivoiriens semblent retenir leur souffle. Les causes produisant les mêmes effets, il n’est pas exclu que le pays retombe dans les travers ethniques, sinon dans une volonté d’exclusion. Ce qui n’augure guère d’une présidentielle apaisée dans moins de six mois.

    « Je suis déterminé à me battre pour que les Ivoiriens puissent choisir librement celui ou celle qui les dirigera. Le PDCI est uni derrière moi. Il n’y aura pas de plan B, il n’y aura pas de plan C ». Cette phrase sur le compte Facebook de Tidiane Thiam semble étrangement une réplique de la même expression faite, à une période pas trop lointaine, par l’actuel président de la République de Côte d’Ivoire. Mais l’on oublie trop vite.

    Depuis 1990, année de l’ouverture du pays à la démocratie multipartite, les guerres de positionnement ont fait de la Côte d’Ivoire une bombe à retardement. La crise post-électorale de 2010-2011 est encore trop présente dans les esprits, à laquelle la classe politique ne semble puiser assez de leçons pour cesser de jouer avec le feu.

    Tout a débuté avec le décès, en 1993, de Félix Houphouët-Boigny, dont la succession, mal définie, alors même qu’il était clairement entendu que le président de l’Assemblée nationale soit le successeur constitutionnel du chef de l’Etat en cas de vacance du poste de président de la République. Mais, le Premier ministre de l’époque avait su introduire une mention qui donnait au chef du gouvernement la lassitude de terminer le mandat en cours. Cette dernière introduction n’ayant jamais été promulguée, un bras de fer devrait déterminer qui du Premier ministre ou du président de l’Assemblée nationale devrait prendre la succession du père de l’indépendance.

    Une véritable guerre de leadership

    Il s’ensuivit une véritable guerre de leadership entre les deux personnalités, finalement remporté par le chef du parlement. La tension ne s’est guère pour autant apaisée dans l’ensemble de la classe politique ivoirienne, qui s’est finalement transformée en guerre ethnique où une grande partie méridionale du pays et même le centre se sont retrouvés opposé à la grande partie septentrionale. Inutile de revenir sur les thèmes de « nordiste » et « ivoirité » qui ont abondamment créé une atmosphère remplie de soufre sur toute l’étendue du territoire. Et pendant six ans de président d’Henri Konan Bédié, la Côte d’Ivoire a été constamment sur une poudrière. Où l’armée a été obligée d’intervenir, en décembre 1999, pour tenter de mettre fin à ce jeu avec le feu. Ce coup d’Etat, autrement surnommé le « Coup d’Etat de Noël », n’est point arrivé à éloigner le spectre d’une guerre civile sur le pays. Bien au contraire, les lignes ont été nettement tranchées.

    Après une transition de huit mois, le régime militaire mené par le général Robert Gueï, une élection a été décidée, marquée par une volonté d’exclusion. Robert Gueï étant arrivé à mettre dans la constitution ce que les Ivoiriens, par ironie, avaient surnommé la guerre de prépositions « ou » et « et ». Autrement dit « Etre de mère « ou » de père ivoirien » ou être d’un parent ivoirien. Alassane Ouattara était alors soupçonné de n’être ni de mère ivoirienne, ni de père ivoirien. Le général putschiste ayant pris le soin d’écarter tous les candidats susceptibles de lui porter ombrage, pensait s’ouvrir un boulevard pour le palais du Plateau. Arriva alors un « troisième larron », en la personne de Laurent Gbagbo, qui s’empara du fauteuil présidentiel faute de président, le général Gueï ayant fui le palais sous une révolte populaire. Et pendant dix ans la Côte d’Ivoire a été sevrée d’élection présidentielle.

    Laurent Gbagbo s’est retrouvé aux prises avec Alassane Ouattara

    En 2010, avec la pression de la communauté internationale, un « scrutin spécial » a finalement pu se tenir et auquel toutes les candidatures ont été acceptées. Malheureusement cette présidentielle n’a guère connu une fin sereine. Au deuxième tour, le président sortant, Laurent Gbagbo s’est retrouvé aux prises avec Alassane Ouattara, soutenu par son ennemi d’hier, Henri Konan Bédié. Arriva ce qu’on aurait pu éviter, mais qui était prévisible : la Côte d’Ivoire fut mise à feu et à sang par une belligérance fondée sur une crise de positionnement et d’ethnie. Alassane Ouattara, aidé par les « Forces nouvelles », issue de la rébellion armée de 2002 à 2010, de Guillaume Soro, venue du nord du pays, appuyées par l’armée française stationnée à Port-Bouët à Abidjan, ont neutralisé l’armée régulière ivoirienne sous le commandement du général Phillipe Mangou (qui a été ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon avant de continuer sa mission diplomatique en Allemagne). En avril 2011, Alassane Ouattara pu s’asseoir officiellement sur le fauteuil présidentiel.

    Cette crise post-électorale a officiellement coûté la vie à plus de trois mille personnes, sans compter les victimes de la rébellion où le pays avait été partitionné.

    Depuis quinze ans, Alassane Ouattara est à la tête de Côte d’Ivoire, après une traversée de désert de plus d’une décennie. Son exclusion de la scène politique ivoirienne pour « nationalité douteuse » a été l’épicentre des différentes crises politiques qu’a connues le pays. Aujourd’hui, comme si l’histoire n’avait guère assez enseigné la sagesse et la prudence, une autre crise est sur le point de naître. Victor Hugo enseignant : « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas ». Sinon, combien de morts faut-il encore sur les rives de la Lagune Ebrié pour que ce peuple naguère le plus solidaire de la région ouest-africaine se ressaisisse ? Alassane Ouattara donnerait-il raison à ceux qui s’opposaient à son avènement à la tête de la Côte d’Ivoire ? Lui qui a connu l’exclusion, devrait-il l’imposer aux autres aujourd’hui ?

    Guillaume Soro, qui a passé près de dix de sa vie dans le maquis

    Laurent Gbagbo, qui s’était solidarisé du sort d’Alassane Ouattara pour s’opposer à Henri Konan Bédié, en 1995, se trouve écarté par son allié d’hier. Le PDCI-RDA, sans qui Alassane Ouattara ne connaîtrait peut-être jamais les honneurs du tapis rouge, est aujourd’hui le parti pestiféré. Guillaume Soro, qui a passé près de dix de sa vie dans le maquis, est aujourd’hui obligé de vivre en exilé, hors du pays pour lequel il a risqué ses études universitaires et sa vie. C’est au tour, donc de Tidiane Thiam, petit-fils de Félix Houphouët-Boigny, qui a fait d’Alassane Ouattara, contre la volonté populaire de ses compatriotes, un homme politique en Côte d’Ivoire, de boire le calice amer de l’exclusion. Car, c’est se rire de l’histoire que d’arguer que « Tidiane Thiam n’est pas ivoirien », alors que celui qui avance une telle excentricité, est pour la plus grande majorité des Ivoiriens un « homme venu d’ailleurs ». L’actuel président de la République a peut-être acquis la nationalité ivoirienne, mais personne n’est convaincu de son « ivoirité ». Peut-être faudra-t-il encore un autre bain de sang, qui atteigne, cette fois-ci, les familles des politiciens pour que ceux-ci cessent de croire que les Ivoiriens sont du bétail pour leurs holocaustes sataniques ?

    Dans tous les cas, pour une fois, le nord de la Côte d’Ivoire ne se fera pas prier pour se joindre au centre et bouter les ennemis communs hors de ses frontières. Tidiane Thiam a déjà donné le ton : « La conjonction de tous ces éléments crée un environnement potentiellement dangereux pour notre pays. Je n’accepterai pas cette radiation qui est injuste, injustifiée et incompréhensible ».

    Question : au lieu de faire le médecin après la mort, toutes les organisations africaines et internationales ne devraient-elles pas se pencher très rapidement sur le cas de la Côte-d’Ivoire avant qu’il ne soit trop tard ?

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