L’arrivée du général Ibrahim Rapontchombo à la tête de la mairie de Libreville avait suscité de grands espoirs auprès des agents municipaux nourrissaient. Dix-neuf mois plus tard, c’est la désillusion. Loin des réformes attendues, la gestion de capitale souffre toujours de dysfonctionnements. Pour Joe-Fred Madouta, président du Syndicat libre de la mairie de Libreville (SYLAML), c’est donc une transition manquée. Dans l’entretien ci-dessous, il exprime les attentes des agents après la nomination du nouveau Délégué spécial.
Gabonclic.info. Monsieur le président du SYLAML, que retenez-vous du passage du général Jude Ibrahim Rapontchombo à la tête de la mairie de Libreville ?
Joe-Fred Madouta : merci de nous donner à nouveau la parole. L’arrivée du général Rapontchombo s’inscrivait dans un contexte de transition où l’on attendait une vraie réorganisation. Il était question d’assainir les finances municipales, de maîtriser les effectifs pléthoriques, de réviser des textes vieux de plus de deux décennies… Mais très vite, on a compris qu’aucune réforme structurelle n’aboutirait. L’administration a été gérée avec une vision purement financière. Même le départ de certains fonctionnaires n’aura été qu’un écran de fumée. Au final, dix-neuf mois d’attente et d’espérance se sont transformés en amertume. Les agents municipaux, comme beaucoup d’autres, croyaient que les militaires incarneraient la rigueur et la réforme. Nous avons été déçus.
D’où la persistance des problèmes urbains comme les garages anarchiques ou les déchets aux abords des rues !
Tout a été fait dans une logique de rente, pas de réforme. La fameuse opération « Restauration de l’ordre urbain » (ROU), qui devait redonner de l’ordre à la ville, n’était qu’un prétexte pour soutirer de l’argent, notamment aux expatriés qui contrôlent une bonne partie du secteur commercial. Conséquence : les garages sauvages se sont multipliés, bloquant parfois la circulation dans certains quartiers. Les bars pullulent, les ordures s’amoncellent… On espérait un coup de pied dans la fourmilière, on a eu une gestion approximative, voire intéressée.
![[Interview] Joe-Fred Madouta/Président du syndicat de la Mairie de Libreville : « Dix-neuf mois d’attente et d’espérance se sont transformés en amertume » 1 [Interview] Joe-Fred Madouta/Président du syndicat de la Mairie de Libreville : « Dix-neuf mois d’attente et d’espérance se sont transformés en amertume »](https://gabonclic.info/wp-content/uploads/2025/05/WhatsApp-Image-2025-05-27-at-02.52.51.jpeg)
Un nouveau délégué spécial, un civil cette fois-ci, vient d’être nommé à la tête de la commune de Libreville. Quels sont vos espoirs ?
Cette nomination redonne de l’espoir aux agents municipaux. D’abord, il s’agit d’un des nôtres, un pur produit de la maison. Il connaît parfaitement les réalités du terrain, les rouages administratifs et les difficultés que nous vivons. Il a déjà occupé le poste de maire adjoint chargé de l’administration. Et il a toujours été attentif à nos revendications, quitte à en payer le prix. Il avait même perdu certaines prérogatives pour avoir défendu les agents. Il a entamé son mandat en nous rencontrant et en nous rassurant. Il a cité, en exemple, Mme Rose Christiane Ossouka Raponda, ancienne maire, respectée, qui avait laissé plusieurs milliards dans les caisses de la mairie avant que ses successeurs ne dilapident tout. Le nouveau Délégué spécial a montré sa détermination en mettant en garde les agents véreux et réfractaires au changement. Pour nous, c’est un nouveau départ, et nous sommes confiants.