Avec l’essor des réseaux sociaux, le monde de la communication a connu une mutation profonde, avec la naissance de nouveaux métiers de l’information. Parmi eux, le rôle des influenceurs, qui produisent du contenu pour des « followers » en quête de divertissements, d’informationsè ou de conseils. Si ces derniers jouent un rôle important dans le divertissement, la publicité ou le partage d’opinions, la confusion avec les journalistes professionnels constitue un véritable danger, notamment au Gabon, où il n’existe aucune ligne de démarcation.
Le journalisme est une profession noble et rigoureuse, fondée sur la collecte, la vérification, le traitement et la diffusion d’informations fiables et objectives. Au Gabon, cette profession est régie par un cadre légal et déontologique bien défini. Les journalistes doivent obtenir une autorisation du tribunal et du ministère de la Communication, avec des exigences administratives et professionnelles. Parmi ces exigences, le journaliste professionnel doit être en possession d’une carte de presse, délivrée par le ministère de la Communication. Avoir une autorisation de paraître délivrée par la Haute autorité de la communication et une autorisation de publication du Procureur général. Les entreprises de presse sont soumises au payement des impôts et doivent être assurées. Et bien d’autres exigences.
En outre, la pratique journalistique repose sur un respect strict des principes éthiques et déontologiques, qui garantissent une information crédible et vérifiée. Depuis 2018, les journalistes gabonais ne sont plus soumis à des peines de prison en cas de délit de diffamation, ce qui témoigne d’un effort pour protéger la liberté de la presse tout en encadrant ses pratiques.
Contrairement aux journalistes, les influenceurs ne sont soumis à aucune obligation légale ou à des normes professionnelles. Un simple smartphone et une connexion internet leur permettent de toucher un large public via des plateformes comme TikTok, Facebook, Instagram ou X (anciennement Twitter). Leur contenu, souvent axé sur le divertissement, la promotion ou l’opinion personnelle, vise à maximiser les vues, les likes et les interactions.
Cette confusion entre journalistes et influenceurs peut avoir des conséquences graves. Les influenceurs, en quête de visibilité, peuvent partager des informations non vérifiées ou sensationnelles. Contrairement aux journalistes, ils ne sont pas tenus de vérifier leurs sources, ce qui accroît le risque de propagation de fausses nouvelles. En confondant les deux rôles, le public peut perdre confiance dans les journalistes professionnels. Les erreurs ou les billets des influenceurs sont parfois attribués à tort à la presse, ce qui nuit à la crédibilité des médias.
Les influenceurs, contrairement aux journalistes, ne sont pas protégés ni encadrés par des lois spécifiques. Cela signifie qu’en cas de délit de diffamation ou de propagation de fausses informations, ils peuvent être poursuivis et risquent des sanctions pénales plus ou moins lourdes. Dissocier clairement ces deux acteurs devient une urgence pour préserver la qualité et la crédibilité de l’information.