Les habitants du carrefour SNI avaient initialement 72 heures pour quitter leurs maisons avant le lancement de la phase de démolition des constructions. Ce délai a finalement été étendu à une semaine. Ce lundi 30 juin 2025, dès 7 heures du matin, les forces de l’ordre, appuyées par des bulldozers, ont investi le site, marquant le début de l’évacuation et de la destruction des habitations.
Ce lundi, les riverains n’ont pas été surpris par l’arrivée des engins du Génie militaire, même si certains ont attendu la dernière minute pour plier bagage. L’opération, placée sous la supervision du délégué spécial, général Arnaud Sandri Nombo, s’est déroulée dans le strict respect des normes de sécurité, en présence des représentants du ministère de l’Environnement et ceux de la SEEG.
Parallèlement, la mairie d’Owendo a lancé un recensement des foyers impactés par cette intervention afin d’en mesurer les conséquences, de préparer l’avenir et d’assurer un suivi adapté des populations déplacées. Ce travail s’inscrit dans le cadre du programme national de renouvellement urbain, qui prévoit notamment la construction d’un grand marché destiné à moderniser et dynamiser la ville.
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Pourtant, cette vision d’avenir ressemble à un cauchemar pour les habitants, contraints de quitter leurs foyers. « Nous avons construit ici, dans la mangrove ou sur l’eau, parce que le pays n’était pas tracé auparavant. Lorsque nous sommes arrivés, personne ne nous avait informés de ce projet. Même si le président souhaite moderniser le pays, il doit penser aux Gabonais. Nous avons vécu toute notre vie ici. Que deviendrons-nous ? » Se désole Onguina Marie.
Depuis le 17 juin, un plan de relogement a été mis en place par le ministère de l’Education nationale pour les élèves de terminale de la zone de Plaine-Orety, également touchés par des déguerpissements. Ces jeunes ont été accueillis dans les internats du Complexe Léon Mba et du Lycée Paul Indjendjet Gondjout, avec un accompagnement psychologique. Mais après le baccalauréat, quel avenir leur est réservé ?
Pourquoi ne pas étendre la même solidarité à toutes les familles aujourd’hui exposées à la précarité, à l’insécurité et aux intempéries ? Le déficit en logements sociaux est criant, tandis que le coût du logement privé environ 150 000 FCFA pour un simple deux-pièces demeure inaccessible pour la majorité.
Si ces déguerpissements ne sont pas des catastrophes naturelles, leur mode de gestion en donne malheureusement l’impression. Des solutions d’urgence sont nécessaires. En cette période estivale, où de nombreux établissements publics sont inoccupés, l’État pourrait envisager un relogement temporaire.
Par ailleurs, plusieurs infrastructures publiques, abandonnées et parfois occupées par des malfaiteurs, pourraient être réhabilitées pour accueillir ces populations vulnérables.
Construire le Gabon avec ses citoyens
Le Gabon doit se construire avec ses citoyens. Et non contre eux. Le taux de pauvreté élevé ne saurait être ignoré. La majorité des familles évacuées appartiennent aux couches les plus démunies, souvent sans ressources suffisantes.
Cette série de déguerpissements, lancée il y a plus d’un mois, laisse ces nombreuses familles à la rue. Il est urgent que le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema et son gouvernement mettent en place un plan d’urgence pour venir en aide à ces populations en détresse.