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    Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) : Entre naufrage hérité, remous sociaux et espoir de relance

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    Moins de deux ans après la chute d’Ali Bongo Ondimba et la reprise de la CNNII par EBOMAF, la Compagnie nationale de navigation gabonaise tangue toujours entre dettes, salaires impayés et malentendus. Entre mémoire d’une gestion calamiteuse, contestations sociales et droit de réponse musclé du concessionnaire, l’heure est venue de jeter l’ancre du dialogue.

    Créée par décret n°6300/PR/MMPME du 3 octobre 2013, la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII), aussi appelée C2N2I, avait pour mission stratégique de relancer le transport fluvial et côtier entre Libreville, Port-Gentil et Lambaréné, dans une logique d’intégration territoriale et de désenclavement. Elle succédait à la défunte Compagnie nationale de navigation intérieure (CNI), disparue dans un silence pesant de faillite.

    Mais très vite, sous le règne d’Ali Bongo Ondimba, la CNNII devient l’exemple type d’une entreprise publique à la dérive. Flotte obsolète, fonds propres négatifs, recettes englouties dans une masse salariale pléthorique, malversations financières et absence de vision logistique plongent la structure dans un coma profond. Un audit réalisé par KPMG révèle une situation désastreuse : aucun investissement structurant, 76 % des revenus absorbés par les salaires, et une dette colossale auprès des fournisseurs.

    Lorsque le général Brice Clotaire Oligui Nguema prend le pouvoir le 30 août 2023, il hérite d’un Gabon institutionnellement sinistré et d’une CNNII qui n’était plus que l’ombre d’elle-même, incapable d’assurer la moindre liaison maritime régulière. L’urgence est claire : restructurer ou disparaître.

    L’option EBOMAF ou l’espoir d’un sauvetage maritime

    Dans une tentative de redressement, l’État gabonais signe, le 5 février 2025, un contrat de concession de 20 ans avec le groupe burkinabé EBOMAF. L’objectif est double : relancer les activités maritimes et moderniser les infrastructures de la CNNII. Selon les termes de l’accord, l’État devait : apurer les dettes sociales et aux fournisseurs, doter EBOMAF des titres fonciers nécessaires et élaborer un plan social pour accompagner la transition.

    En contrepartie, EBOMAF devait acquérir une nouvelle flotte, assainir les comptes, et relancer les lignes stratégiques. Une équipe mixte, incluant un directeur général désigné par EBOMAF, est mise en place pour gérer la période transitoire. Sur le papier, tout semble balisé.

    Colère sociale : que réclament les employés de la CNNII ?

    Mais trois mois après cette signature, la colère gronde sur les quais. Les agents de la CNNII, réunis au sein d’un collectif, dénoncent une situation devenue, selon eux, intenable. Ils revendiquent : le paiement de 19 mois d’arriérés de salaires, y compris les mois de novembre et décembre 2024, une clarification immédiate du partenariat entre l’État, EBOMAF et la direction actuelle et le respect de leur dignité professionnelle, estimant être abandonnés par leur tutelle et traités comme des variables d’ajustement.

     Ils reprochent également à EBOMAF d’avoir acquis des navires inadaptés à la navigation locale, dont plusieurs seraient inutilisables, un manque de dialogue, notamment sur la gestion interne et la réorganisation du personnel et la mise à l’écart du directeur général qui, selon eux, est désormais marginalisé dans les prises de décision.

    Droit de réponse musclé d’EBOMAF

    Face à ces critiques, le département Communication et relations publiques d’EBOMAF-Gabon S.A a publié, le 8 mai 2025, un droit de réponse tranchant, qualifiant les accusations des agents de « déformation des faits« . L’entreprise y affirme : « La concession n’est pas entrée en vigueur, car l’État n’a levé aucune des conditions suspensives prévues au contrat ».  

    Elle souligne également que les titres fonciers de la CNNII promis par l’État ne sont pas disponibles : certains terrains appartiennent à des privés, les dettes sociales n’ont pas été apurées, et les comptes de la CNNII sont sous saisie judiciaire. En conséquence, les recettes ont été orientées vers un compte séquestre EBOMAF pour assurer les charges vitales, « loin d’un détournement, mais par souci de survie ».

    Concernant la direction, EBOMAF précise : « Le directeur général n’a jamais été écarté. Il a été désigné par nous pour piloter cette phase transitoire. C’est son refus d’assumer pleinement ses fonctions qui a généré la confusion. »

    Enfin, l’entreprise réaffirme sa bonne foi et son attachement au contrat : « Les griefs évoqués ne sauraient être imputés au concessionnaire, qui attend encore que l’État respecte sa part des engagements.»

    Relancer dans la sérénité

    Le président Brice Clotaire Oligui Nguema n’a pas fait le choix d’EBOMAF au hasard. Il sait que relancer la CNNII passe par un acteur audacieux, capable d’assumer une reprise à haut risque. Et le groupe burkinabé, malgré les remous, a maintenu son engagement. Ce qui démontre un certain courage entrepreneurial.

    EBOMAF est prêt à accompagner la politique de redressement impulsée par le chef de l’État, à condition que les bases soient posées clairement. Il est désormais crucial que les deux parties – employés et direction – se parlent franchement. Car derrière les tensions, c’est une ambition collective qui doit survivre : celle d’un Gabon réconcilié avec ses eaux, ses ports et ses citoyens. Le dialogue est la seule voie pour sortir de cette tempête.

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