Dans un courrier adressé, le 13 décembre dernier à Murielle Minkoue, ministre de la Réforme des institutions et coordinatrice de la Commission nationale chargée de l’élaboration de l’avant-projet du code électoral, SOS Prisonniers Gabon a sollicité une réforme garantissant le droit de vote des détenus. Cette demande concerne notamment ceux qui n’ont pas commis de meurtres ou d’autres délits graves, en accord avec les principes internationaux des droits de l’homme.
Lionel Engonga, président de SOS Prisonniers Gabon et député de la Transition, estime que le droit de vote, protégé par l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, constitue un pilier de la citoyenneté. Il déplore que, dans la pratique, les personnes incarcérées soient souvent exclues des processus électoraux. À cet effet, il plaide pour que l’avant-projet du Code électoral intègre une section intitulée « Du droit de vote des personnes détenues ». Inspirée des exemples d’Afrique du Sud, du Nigeria et du Burkina Faso, cette disposition permettrait aux détenus de voter directement au sein des établissements pénitentiaires dans des centres de vote spécialement aménagés.
Avec une population carcérale estimée à plus de 5 000 détenus dans le pays, dont plus de 3 000 à Libreville, l’adoption d’une telle réforme permettrait à ces citoyens de participer d’accomplir leurs devoirs civiques. Cela offrirait aux prisonniers une voix dans les politiques qui les concernent directement, comme la réforme du système judiciaire et pénitentiaire. Une telle mesure pourrait également réduire le taux d’abstention et renforcer l’idée que la voix de chaque citoyen compte, indépendamment de sa situation.
Dans le contexte de la restauration des institutions et du retour à l’ordre constitutionnel, SOS Prisonniers Gabon souligne que cette initiative s’alignerait avec les ambitions du pays pour une démocratie moderne et respectueuse des droits humains. Intégrer cette réforme au futur Code électoral serait un signal fort, celui d’un pays engagé pour la justice, l’inclusion et l’égalité des droits.
Le plaidoyer de SOS Prisonniers Gabon invite à une réflexion profonde sur la citoyenneté et les droits des détenus. En reconnaissant leur droit de vote, le Gabon pourrait jeter les bases d’un système électoral plus inclusif, conforme aux standards internationaux. Comme le rappelle l’ONG, « chaque voix compte », même derrière les barreaux.