Le mercredi 9 juillet 2025, dans une action diplomatique à forte teneur géopolitique, le président américain a convié certains dirigeants africains, ceux du Liberia, du Sénégal, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau et du Gabon pour un mini-sommet axé sur les enjeux miniers, économiques et sécuritaires. Cette rencontre s’inscrit dans une stratégie explicite de contrepoids à l’influence croissante de la Chine et de la Russie sur le continent africain.
Organisé sous la forme d’un déjeuner de travail, ce sommet restreint a permis au locataire de la Maison Blanche d’exposer sans détour ses motivations premières. Devant la presse, Donald Trump a qualifié les cinq pays représentés de « territoires dynamiques, dotés de ressources naturelles exceptionnelles – des minerais de haute valeur, d’importantes réserves pétrolières, et surtout des peuples admirables ».
« Le continent africain recèle un potentiel économique immense, peut-être l’un des plus prometteurs au monde », a-t-il affirmé, appelant de ses vœux à une implication accrue des États-Unis dans les secteurs extractifs, énergétiques et industriels africains.
Une diplomatie des ressources assumée
Depuis son retour à la tête de l’exécutif américain, Donald Trump s’est engagé dans une politique extérieure centrée sur les intérêts économiques concrets. Les matières premières stratégiques, notamment les minerais rares et critiques, occupent une place centrale dans ses échanges avec plusieurs partenaires étrangers, à l’image de l’Ukraine ou du récent accord de normalisation entre Kigali et Kinshasa.
Dans ce contexte, l’Afrique apparaît comme un levier décisif. Les cinq États africains invités figurent parmi les plus riches en ressources minières du continent, principalement l’or, l’uranium, le manganèse, le lithium ou encore des terres rares indispensables à l’industrie technologique, notamment dans les domaines de l’électromobilité et de la transition énergétique.
Des opportunités à saisir pour les pays africains
Ce type de partenariat ouvre des perspectives considérables pour les pays africains concernés. Il permet non seulement de diversifier leurs partenaires stratégiques, mais aussi de promouvoir un modèle de coopération basé sur l’investissement privé plutôt que sur l’aide publique au développement.
Le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a souligné, lors des échanges, que son pays disposait de « terres rares, de manganèse, d’uranium et probablement de lithium », affirmant que la Mauritanie est prête à accueillir des investissements structurants.
De son côté, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a rassuré les partenaires américains quant à la stabilité politique et à la solidité du cadre réglementaire sénégalais. Il a évoqué les vastes réserves de gaz et de pétrole de son pays et n’a pas hésité à inviter Donald Trump à investir dans un projet de golf au Sénégal.
Quant au président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, il a rappelé que le Gabon, « pays riche en ressources naturelles », était le deuxième producteur mondial de manganèse en 2023, un minerai stratégique pour la fabrication des batteries. Il a exprimé la volonté des autorités de voir ces richesses exploitées de manière équitable et durable, dans l’intérêt du peuple gabonais.
Vers une nouvelle ère des relations USA-Afrique ?
Ce mini-sommet s’inscrit dans une dynamique plus large de repositionnement des relations entre les États-Unis et l’Afrique. En juin dernier, plusieurs entreprises américaines ont promis des investissements conséquents dans des projets d’infrastructures sur le continent, lors d’un forum tenu à Luanda, en Angola. À cette occasion, Washington a réaffirmé sa préférence pour les partenariats entrepreneuriaux plutôt que pour l’aide conditionnée.
En marge des discussions officielles, des sources relayées par le Wall Street Journal indiquent que l’administration américaine aurait également abordé la question du rapatriement de migrants africains en situation irrégulière sur le sol américain, proposition déjà acceptée par le Soudan du Sud.
Une chance à transformer
Ce type d’initiative bilatérale constitue une opportunité majeure pour les pays africains. En valorisant leurs ressources stratégiques, en s’inscrivant dans une logique de co-développement, et en assurant des retombées locales, notamment en termes d’emplois, de transferts de compétences et de fiscalité, ces nations peuvent poser les jalons d’une souveraineté économique renforcée.
Face aux convoitises internationales, les dirigeants africains sont aujourd’hui appelés à jouer un rôle d’arbitre éclairé dans la gouvernance de leurs richesses naturelles. Le partenariat avec les États-Unis, s’il est équilibré et transparent, peut s’avérer un accélérateur de développement durable pour l’Afrique.
