spot_img
28 C
Libreville
dimanche, 12 octobre 2025
spot_img
More
    AccueilInternationalSilence radio sur l’Afrique : quand la suspension de VOA menace le droit à l’information

    Silence radio sur l’Afrique : quand la suspension de VOA menace le droit à l’information

    Publié le
    Écouter cet article

    Privée de sa voix la plus libre, l’Afrique entre dans un silence forcé. La suspension de Voice of America (La Voix de l’Amérique) n’est pas une simple panne d’antenne : c’est un coup porté à la démocratie, à la liberté d’expression et au droit fondamental d’informer et d’être informé.

    Un vide brutal dans l’espace médiatique africain

    Cela fait maintenant plus de quatre mois que les antennes de Voice of America (VOA) se sont tues. Cette décision unilatérale de l’administration Trump de suspendre l’ensemble des programmes de ce radiodiffuseur emblématique met fin à plus de six décennies de diffusion d’une information pluraliste à travers l’Afrique.

    Le réseau, relayé par plus de mille partenaires locaux, représentait une source quotidienne d’information libre pour des millions de personnes. Aujourd’hui, Reporters sans frontières (RSF) alerte sur les conséquences désastreuses d’un tel retrait pour le continent.

    Des millions d’auditeurs privés de programmes essentiels

    Du Zimbabwe au Sahel, en passant par la RDC, les radios communautaires – piliers de l’accès à l’information dans les zones enclavées – voient leurs grilles désorganisées, leurs journalistes remerciés, et leur survie compromise. “Le démantèlement brutal de VOA a créé un vide informationnel inquiétant”, déplore Sadibou Marong, directeur Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières (RSF). Faute de moyens pour compenser l’absence de contenu, certaines radios ont réduit voire supprimé leurs émissions, menaçant l’existence même de ces structures souvent délaissées par les autorités nationales.

    L’impact est massif. À l’est de la RDC, plus de 20 millions de personnes ne reçoivent plus d’émissions en kiswahili, naguère diffusées par plus de 50 stations. “On ne sait plus comment remplir les cases de la grille”, confesse Kennedy Wema, directeur de la Radio Soleil. Dans les zones d’insécurité, où les contenus locaux sont rares, VOA offrait un équilibre en relayant toutes les voix du processus de paix.
    Au Niger, la fin des bulletins en haoussa a plongé des régions entières dans une désinformation nourrie par les rumeurs. Une situation d’autant plus alarmante que le service haoussa de VOA touchait jusqu’à 80 millions d’auditeurs en Afrique de l’Ouest et au Cameroun.

    Un bastion d’expression libre éteint, des voix réduites au silence

    Même dans les pays où VOA était censurée – comme le Burundi – les émissions circulaient via WhatsApp. “Cette suspension prive une partie de la classe politique et d’autres acteurs d’un espace de libre expression”, témoigne un journaliste burundais.
    Au Zimbabwe, la fin de « Studio 7 », diffusé depuis 23 ans, ferme une fenêtre sur le monde pour les populations marginalisées. À Goma, quatre journalistes “parmi les plus brillants” perdent leur emploi, comme tant d’autres sur le continent.

    RSF en première ligne pour sauver VOA

    Depuis mars 2025, Reporters Sans Frontières (RSF) a lancé une contre-offensive judiciaire à Washington. Grâce à une plainte portée avec les syndicats de VOA, l’organisation a obtenu une suspension temporaire du décret présidentiel et une injonction ordonnant la réintégration des 1 300 employés. Mais le combat est loin d’être terminé. RSF dénonce également la marginalisation des journalistes étrangers et les menaces croissantes sur la liberté de la presse mondiale.

    À travers ce bras de fer, l’avenir de VOA se joue, mais au-delà, c’est l’accès à l’information sur tout un continent qui vacille.

    Encart gabonclic.info

    Entretiens exclusifs

    Articles Populaires

    Dernières nouvelles

    ANAC programe de formation AVSEC 2025
    Session d'orientation
    CNAMGS