À un mois de la rentrée scolaire, le SENA hausse le ton. Entre revendications légitimes et manœuvres politiques, le syndicat agite la menace d’une nouvelle crise dans l’éducation nationale.
Vers une rentrée scolaire sous tension ? C’est le signal lancé par le Syndicat de l’Éducation Nationale (SENA) lors d’une conférence de presse tenue le 2 août à Libreville. Par la voix de son secrétaire général intérimaire, Magloire Memiaga, le syndicat salue « le retour à l’ordre constitutionnel » et les « signaux positifs » envoyés par la Transition, tout en exprimant sa « profonde inquiétude » face aux lenteurs persistantes dans la régularisation administrative des enseignants et les « dysfonctionnements structurels » du système éducatif.
Des avancées mais…
Le SENA reconnaît plusieurs avancées : attribution de postes budgétaires, réhabilitation d’écoles, bourses rétablies, concours relancés, transformation des Écoles Normales, instauration de la prime d’éloignement ou encore pré-recrutement des enseignants confessionnels. Toutefois, le syndicat alerte sur l’« insuffisance chronique des budgets alloués », la « dévalorisation du statut de l’enseignant » et les blocages administratifs de carrière qui, depuis 2017, minent la motivation du corps enseignant.

« Nous voulons une école qui réponde aux aspirations de notre jeunesse », insiste Memiaga. Mais il dénonce aussi « le mépris institutionnel » et « les pratiques clientélistes » dans les nominations. « Le mérite, la transparence et l’éthique doivent primer », martèle-t-il.
À moins d’un mois de la reprise, le SENA prévient : sans avancée concrète, des actions syndicales pourraient perturber la rentrée. Le syndicat sollicite l’intervention directe du Président Oligui Nguema, tout en appelant à un « nouvel ordre éducatif » pour la Ve République.
Fridolin Mve Messa, un « maitre chanteur » ?
Mais derrière cette alerte, une interrogation s’impose : le SENA est-il encore autonome ? Car bien que nommé sénateur de la Transition, Fridolin Mve Messa continue d’influencer toutes les décisions du syndicat, alors même que ses fonctions parlementaires rendent ce double rôle juridiquement incompatible. En toile de fond, l’ambition affichée de Mve Messa pour un mandat électif sénatorial relance les soupçons : assiste-t-on à un chantage syndical voilé ?
Le paradoxe est flagrant : le syndicat salue les efforts du Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, en matière de régularisation administrative, oubliant que chaque fin de mois, des centaines de fonctionnaires voient leur situation s’améliorer. Le processus est progressif, les rappels soldes en cours. Menacer d’un blocage national à ce moment précis, n’est-ce pas un coup de pression politique à peine déguisé ?
Le Gabon, engagé dans une dynamique de reconstruction, peut-il se permettre une rentrée sabotée par calcul électoral ? La balle est dans le camp du SENA.
