Au cœur d’une vive polémique à Lambaréné, des vidéos virales accusent le Délégué spécial Auguste Roger Bibaye Itandas d’avoir attribué les places du nouveau marché Isaac majoritairement à des commerçantes étrangères. Entre indignations, insultes et rappels à la loi, la polémique enfle sur les réseaux sociaux.
Tout est parti de séquences publiées par deux figures connues des réseaux sociaux, Eric Otsetse et Tata Bertille. Dans un accès de colère, cette dernière fustige l’attribution « majoritaire » des emplacements du nouveau marché de Lambaréné, au quartier Isaac, à des commerçantes étrangères. Son échange tendu avec le Délégué spécial, Auguste Roger Bibaye Itandas a failli tourner à l’affrontement.
En attendant la version officielle de l’édile, la polémique a pris de l’ampleur. Sur la toile, certains audios de ressortissants béninois, se sentant visés, déversent des propos insultants, qualifiant les Gabonais de « fainéants » et « incapables ». Ces attaques attisent les appels à représailles. Dans ce climat inflammable, une évidence s’impose : les autorités doivent désamorcer la tension et éviter que les réseaux sociaux ne deviennent un champ de bataille xénophobe.

Les autorités qui l’ont inauguré récemment devront s’investir pour éteindre la polémique sur l’attribution jugée discriminatoire des étals.
La loi et la priorité nationale
Le débat dépasse l’émotion et touche au cadre légal. Dans une déclaration ferme à Gabon Media Time, le président du mouvement Priorités citoyennes, Guilou Bitsutsu-Gielessen, rappelle que « Les nouvelles surfaces de ventes, les nouveaux marchés comme celui de Lambaréné, construit avec de l’argent public, l’argent du Gabon et des Gabonais… Face à un étranger qui a des papiers, la prééminence nationale s’impose. Les places dans ces marchés doivent être réservées exclusivement aux Gabonais ». Pour le dirigeant de Priorités citoyennes, il ne s’agit pas d’un propos visant à exclure, mais plutôt d’une action relevant de l’équité sociale et économique. « Lorsque l’État investit pour soutenir le commerce local, il doit garantir que cet investissement bénéficie d’abord à ses citoyens », a-t-il souligné, en rappelant que de nombreux petits commerçants gabonais rencontrent des difficultés à accéder à des espaces de vente adéquats et abordables.
Même son de cloche chez Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, qui, au nom de la préférence nationale et du principe du Gabon d’Abord, rappelle la loi 8/2018. En effet, l’article 15 de cette loi précise : « L’État réserve l’exercice de certaines activités économiques aux nationaux et peut prendre des mesures exceptionnelles pour en favoriser la création et le développement ». Pour l’élu, cette disposition impose aux autorités d’intégrer, dans leurs décisions d’attribution, un mécanisme garantissant que les infrastructures financées par les deniers publics bénéficient en priorité aux Gabonais.
Si certains y voient un discours protectionniste, ses défenseurs assurent qu’il s’agit d’un patriotisme économique, « sans remettre en cause l’apport de nos frères expatriés », mais en veillant à ce que l’investissement national bénéficie d’abord aux Gabonais. Dans un contexte où les marchés rénovés se multiplient, la question de leur attribution devient un test concret de la volonté politique de placer le Gabon d’abord.
