Alors que près de deux semaines se sont écoulées depuis la première alerte citoyenne sur la pollution aux hydrocarbures à Mayumba, l’identité du responsable de cette catastrophe écologique reste un mystère. Le littoral sud du Gabon, entre Mayumba et Mayonami, est touché sur une étendue estimée entre 70 et 100 km, révélant le manque de surveillance permanente par les autorités compétentes sur les sites d’exploitation pétrolière.
La présence de galettes de brut, initialement documentée sur les réseaux sociaux par des activistes dès le 23 septembre, n’a été officiellement confirmée par le gouvernement que le 2 octobre. Ce décalage de plus d’une semaine a soulevé de vives inquiétudes quant à l’efficacité du dispositif de veille environnementale.
Une réaction officielle en décalage
Dans son « Point de situation sur la pollution aux hydrocarbures à Mayumba » daté du 2 octobre, le ministère de l’Environnement a pourtant assuré avoir agi rapidement. Le communiqué indique que l’alerte a été reçue le 23 septembre par le « réseau d’alerteurs environnementaux » et qu’une mission de survol aérien a été diligentée dès le 24 septembre, détectant « la présence d’une nappe d’hydrocarbures à la dérive en mer et proche des côtes, témoignant d’une pollution avérée ». Plus troublant, l’Agence d’études et d’observations spatiales (AGEOS) a localisé la nappe « à partir de la date du 12 septembre » au niveau de la frontière maritime avec le Congo, suggérant une pollution potentiellement active près de deux semaines avant l’alerte publique.
Le ministère a mis en garde contre les conséquences potentielles, citant « la contamination de la faune côtière » la « perturbation des activités socio-économiques (tourisme, pêche et baignade etc.) » et a recommandé aux populations de « limiter temporairement l’usage des ressources naturelles dans les zones impactées ».
Le président Oligui Nguéma exige des sanctions
La crise a atteint le sommet de l’État. Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguéma, a « instruit la convocation d’une session extraordinaire du Comité technique du Conseil national de la mer (CNM) » pour mener une enquête approfondie.
Le Secrétariat permanent du CNM a relayé les instructions du chef de l’État dans son communiqué du 2 octobre. Les actions en cours visent à « dépolluer tout le littoral impacté » avec l’aide des sociétés pétrolières Perenco Oil and Gas Gabon, Vaalco Gabon et BW Energy.
Surtout, le Président a « exigé que les auteurs soient identifiés et sanctionnés conformément aux codes des hydrocarbures et de l’environnement ».
Des analyses d’échantillons, notamment « l’analyse isotopique des échantillons de brut prélevés », sont en cours afin de déterminer l’origine précise de la fuite. Le ministère a promis que « des responsabilités seront établies et le cas échéant, des actions judiciaires engagées ».
Cette pollution, deux semaines après les premières traces observées, pose avec acuité la question du contrôle des activités pétrolières sur les côtes gabonaises, sanctuaire de la biodiversité marine.
