Le Journal officiel de Madagascar a publié un décret retentissant actant le retrait de la nationalité malgache à l’ancien président Andry Rajoelina. Cette décision serait fondée sur une ordonnance qui dispose qu’un Malgache ayant volontairement acquis une nationalité étrangère perd automatiquement sa citoyenneté malgache. Une situation qui, certes considérée souveraine, vient rappeler à plusieurs chefs d’Etat africains leur manque de patriotisme.
Le décret retirant sa nationalité malgache au président déchu Andry Rajoelina intervient dans un climat politique sous tension, quelques semaines après la prise du pouvoir par le régime militaire dirigé par le colonel Michaël Randrianirina et l’exfiltration de l’ancien chef de l’Etat par la France. L’ancienne puissance coloniale vient ainsi attester que le président déchu est bel et bien français.

Andry Rajoelina aurait acquis la nationalité française volontairement par naturalisation en 2014. La révélation de sa double nationalité franco-malgache avait enflammé les débats lors de la campagne présidentielle de 2023, remettant en question son éligibilité à la tête du pays. Le retrait de sa nationalité malgache, bien plus qu’une formalité administrative, est une étape dans la crise politique dans cette île. Il soulève des questions sur l’avenir de l’ancien président, désormais privé de ses droits de citoyen malgache. Il ne pourrait même plus se représenter à une élection politique dans son pays d’origine.
L’écho gabonais : la question de la « préférence nationale »
Au Gabon, cette situation de la souveraineté nationale avait été évoquée lors des assises du Dialogue national inclusif (DNI) d’avril 2024, qui a effectivement insisté sur la question de la nationalité des responsables administratifs, proposant la « préférence nationale » pour les postes de haute fonction. Cette mesure devrait concilier le renforcement de l’identité nationale avec une gestion prudente de l’immigration, en cherchant un équilibre entre l’ouverture et la protection des intérêts nationaux.
Le DNI avait formulé des recommandations favorisant les Gabonais à accéder aux hautes fonctions administratives. Il avait également été suggéré de favoriser la « nationalisation des emplois » dans le cadre de ce processus de réformes. Ces recommandations s’inscrivaient dans une volonté plus large de « restaurer le sentiment de sécurité et d’appartenance » chez les Gabonais, et de renforcer les identités culturelles, morales et spirituelles du pays.
La nationalité française d’Andry Rajoelina, qui avait déjà fait scandale en 2023, lorsqu’elle avait été révélée en amont de l’élection présidentielle, avait trouvé une explication réductrice, selon laquelle cette demande avait été faite pour ses enfants, qui s’étaient installés en France afin d’y poursuivre leurs études.
Vu sous cet angle, il ne fait donc l’ombre d’aucun doute que les responsables politiques africains refusent volontairement de développer les structures scolaires et même hospitalières de leurs pays, en comptant sur celles de l’étranger.
Un autre exemple, des plus douloureux, est celui de Noureddine Bongo, qui dit ne point se reconnaître comme Gabonais, après avoir régenté le pays pendant tout le temps de la maladie de son père, devenant ainsi le vrai président du Gabon, sous la régence de sa mère Sylvia Bongo Ondimba. Il est allé jusqu’à reprocher à l’ambassadeur de France au Gabon sa passivité sur son sort : « Je n’aurais pas été torturé si l’ambassadeur Alexis Lamek avait eu, non seulement le courage, mais simplement la décence humaine de défendre un autre citoyen français. »
Il importe désormais que les recommandations du Dialogue national inclusif soient appliquées dans toute leur rigueur pour éviter, à l’avenir, une telle injure au peuple gabonais.





