Alors qu’en Asie, les réseaux sociaux servent la pédagogie, la recherche et l’innovation, au Gabon, ils sont devenus les champs de bataille d’activistes qui, entre chantage, insultes et contradictions, plongent le pays dans une cacophonie inquiétante.
En Chine, au Japon ou en Corée du Sud, les réseaux sociaux sont rigoureusement encadrés : ils servent la recherche, l’éducation, la créativité. Même la comédie y est propre, respectueuse. L’insulte, la calomnie, la diffamation y sont proscrites. À l’inverse, au Gabon, la scène numérique est un théâtre de haine, d’intox, et de règlements de comptes entre activistes, dans un climat devenu nauséabond.
Les activistes de la diaspora : liberté destructrice
Depuis la France, les États-Unis ou le Canada, une catégorie d’activistes semble s’être donnée pour mission de démolir méthodiquement l’image du président Brice Clotaire Oligui Nguema.
Jonas Moulenda, Nelly Ngabima alias Princesse de Souba, Bernard Christian Rekoula, Dana Leizza Ma, et Mister Le Phénix usent de leurs claviers comme de lames acérées. Chaque jour, leur torrent verbal alimente la toile : attaques personnelles, propos jugés « diffamatoires », révélations douteuses… tout y passe.
Leur liberté de ton, d’une violence rare, suscite de nombreuses critiques de la part de nombreux Gabonais, car rien n’est épargné : ni la vie institutionnelle du Chef de l’État, ni son intimité. Leur radicalité a transformé la critique politique en un show permanent d’indélicatesse où l’invective devient monnaie courante. Même s’ils justifient leur posture par les attaques qu’ils essuient de la part d’activistes proches du pouvoir, le pays entier gagnerait à ce qu’ils s’engagent dans une critique constructive faisant d’eux une véritable force de proposition.
Les défenseurs officiels… à la dérive
En face, d’autres activistes, eux, défendent farouchement le président Oligui Nguema, mais leur activisme soulève lui aussi de vives préoccupations.
Stéphane Zeng, Directeur du Centre Gabonais de l’Innovation (CGI), Parfait Eyi, Directeur adjoint des systèmes d’information et du numérique (DSIN), Juste Parfait Moubamba alias Bung Pinze, conseiller au ministère de la Culture, Landry Amiang Washington, Armel Ferryse Ndjiegou Mickala, conseiller au ministère du Commerce, ou encore Yannick Ndong Mba, tous très proches du pouvoir, se sont érigés en « boucliers numériques » du Président.
Mais ces figures officielles, pourtant aux postes stratégiques, deviennent elles-mêmes sources de désinformation, contredisant les canaux officiels. Sur l’affaire Sylvia Bongo Ondimba / Noureddin Valentin, alors que la justice parle de liberté provisoire pour raisons médicales, eux évoquent des milliards de francs CFA versés pour acheter leur libération.
À cela s’ajoute Yann Ndong, alias Badecon en Chef, alias l’œil de la Nasa, dont les directs au langage grossier atteignent l’intimité de tous ceux qui osent le contredire. Le gouvernement observe… en silence.
Nazih, l’ultime provocation
Mais c’est Nazih Marwan Al Azzi, jeune homme de 25 ans, d’origine libano-gabonaise, qui pousse l’activisme dans ses retranchements les plus troubles. Connu sur TikTok pour ses invectives provocatrices, il a été arrêté début août à Beyrouth par les services libanais, à la demande des autorités gabonaises.
Accusé de chantage présumé au président de la République — entre 6 et 10 milliards de FCFA exigés en échange de son silence sur 46 audios et « 14 vidéos compromettantes » —, il a ciblé la DGSS et certaines figures judiciaires.
Son extradition vers Libreville serait en cours, et il risque d’être poursuivi pour chantage, diffamation, et atteinte aux institutions.
Le grand ménage s’impose
Ce chaos numérique, entre accusations délirantes, soutien indécent, et insulte organisée, défigure le débat public gabonais. Le Gabon ne peut plus se permettre que son espace digital soit ainsi livré à la violence verbale, au chantage politique et à l’anarchie informationnelle. Il est urgent de légiférer, de réguler et de responsabiliser tous ces « influenceurs » devenus porte-voix incontrôlés d’un pouvoir qui se décompose sur Facebook et Tik Tok.
Que ceux qui critiquent le pouvoir à tout va se ressaisissent. La critique n’est pas l’ennemie du progrès, certes, mais elle doit se faire avec décence et respect pour les autorités établies. Les gardiens du temple, quant à eux, doivent éviter de s’ériger en « mégaphone de la cacophonie », ce qui nuit parfois au pouvoir qu’ils prétendent défendre. C’est d’autant plus regrettable que les institutions de la République, et la première d’entre elles en particulier, comptent de nombreux communicants talentueux et professionnels.
