Les équipes de l’hôtel de ville de la capitale sont sur les artères avec des bulldozers et autres machines propres à dégager les trottoirs et les places publiques d’occupants illégaux.
Cette opération qui aurait pu intervenir depuis des années, serait la suite logique des déguerpissements initiés par le gouvernement, il y a quelques temps, dans les quartiers insalubres de Libreville, où les constructions anarchiques et illégales rivalisent avec la norme publique. Déjà, grâce à aux actions entreprises par une décision municipale, certains quartiers deviennent de plus en plus viables par le simple fait d’un ordre imposé par les autorités actuelles de l’hôtel de ville. Une opération qui pourrait certainement aboutir à une véritable urbanisation de la capitale et par le même coup permettre une sécurisation des rues et ruelles à travers la ville.
Les citadins de Libreville ne demandaient pas autre chose à la précédente équipe, qui semblait privilégier les discours et autres menaces superflues à la force légitime de la loi. Le délégué spécial Adrien Nguema Mba semble décidé à faire respecter l’ordre dans la commune. « Le délégué spécial voudrait lutter de toutes ses forces contre l’anarchie et l’insalubrité dans les rues de Libreville. Et pour arriver à ses fins, il exploite toutes les pistes que lui donnent les textes qui administrent la commune », dixit un conducteur d’engin de l’hôtel de ville. Et depuis le début de cette semaine, les machines s’activent dans le dégagement des espaces publics et les rues, à la grande satisfaction des riverains. Une logique qui devrait faire un réel plaisir à l’ancien Premier ministre Jean Eyeghe Ndong, qui s’indignait, il y a quelques années, de l’occupation anarchique des trottoirs et autres espaces publics à travers la ville. « A qui payez-vous les loyers des trottoirs qui appartiennent à tout le monde », avait-il ironiquement demandé à un vulcanisateur, dont l’atelier obligeait les usagers à marcher sur la chaussée au risque de se faire écraser par des chauffeurs peu attentifs.
Mais, selon plusieurs Librevillois, il ne s’agit pas seulement de casser, mais il faudrait aussi aménager les places dégagées pour une utilisation plus conséquente et profitable à la population. La nuisance sonore nocturne trouverait aussi un terme avec l’opération en cours. Car des espaces, comme les abords de l’échangeur de Nzeng Ayong, naguère transformés en un véritable capharnaüm, laissaient croire que la ville n’avait aucune loi qui régit les commerces. Les bars et autres lieux de beuveries étaient sans aucun doute les propriétés des chefs de ces espaces, qui remplissaient aussi les fonctions de dealers et autres proxénètes, conséquence de l’insécurité et des tapages nocturnes.
Les opérations actuelles dans la ville répondent concrètement aux attentes de la population, dont les habitations jouxtant les garages et autres ateliers bruyants, n’avaient plus une véritable vie sereine. Comme au carrefour STFO, en cours de nettoyage, où les garages sont situés au beau milieu de la chaussée, les habitants des maisons adjacentes vivant le supplice dans un silence contraint. Le pire est que les responsables de la mairie, qui n’ignoraient pas l’existence de ces garages et autres ateliers, étaient conscients de ce désordre, mais comme par une complicité tacite, ils détournaient leurs regards de cette chienlit, comme sur un terrain conquis.
Vivement que la présente opération débarrasse Libreville et pour longtemps de ce chaos intolérable, devenu étouffant. Le Gabon, comme toutes les nations en voie de développement, mérite une capitale à la hauteur des ambitions de ses gouvernants. N’en déplaise à ceux qui ne pensent qu’à leurs seuls intérêts au détriment du bien commun.
