La mairie de la capitale tente de reprendre la main sur les marchés longtemps gangrenés par une anarchie devenue quasi institutionnelle sur l’espace commercial.
Dans les allées désertées du marché Mont-Bouët, chaque lundi, jour officiel de nettoyage, le décor a changé : tables retournées, étals vides, forces de sécurité mobilisées. Un contraste avec les scènes d’antan où le lundi attirait des foules séduites par les prix cassés.
Pour les autorités locales, il s’agit de restaurer la discipline et d’imposer un respect strict des jours de fermeture. Les agents municipaux, appuyés par les forces de l’ordre, procèdent à la fermeture systématique des stands pour permettre aux entreprises d’entretien de faire le ménage de l’espace commercial. Une mesure saluée par une partie de l’opinion comme un signal fort de la délégation spéciale de Libreville face aux dérives de l’informel.
Mais derrière cette apparente reprise en main, les pratiques d’évitement perdurent. À la gare routière, certains commerçants orientent discrètement les clients vers des boutiques clandestines. « Le marché est fermé, mais le magasin est ouvert », souffle un vendeur tout en vantant des robes à 1000 francs CFA, proposées dans des arrière-cours. L’accès est régulièrement contourné avec la complicité tacite d’une clientèle en quête de bonnes affaires.
Ces stratégies révèlent l’ampleur du défi : encadrer une économie informelle qui s’adapte et prospère dans la régularité. Si la mairie veut inscrire cette politique dans les comportements, il faudra non seulement multiplier les contrôles, mais surtout sensibiliser le public. Car sans une prise de conscience collective, le désordre pourrait bien reprendre ses droits.
