Depuis la perte du pouvoir par l’ancien parti au pouvoir pendant plus de cinq décennies et après le renoncement d’Ali Bongo, certains mécontents, à la tête desquels Ali Akbar Onanga, tentent à tout prix de rallumer la flamme du bon vieux temps, en reprenant la conduite des affaires, quitte à user d’une forfaiture au nom de son « distingué camarade président » qu’il n’a certainement pas vu avant son départ de la terre gabonaise.
Certes, il est reconnu dans tout le Gabon que depuis octobre 2018, suite à ses problèmes de santé, Ali Bongo ne décide plus de rien. Les affaires de l’Etat ont longuement souffert de cette situation, même si l’intéressé tente de défendre ceux qui agissaient en son nom. Mais la vérité est impérissable et il faudrait se rendre à l’évidence. Certaines personnes, parmi lesquelles les plus proches de l’ancien président, ont largement profité de sa maladie pour assouvir leurs besoins, même les plus malhonnêtes. Et si l’ancienne première dame Sylvia Bongo et son fils Noureddine Bongo Valentin sont aujourd’hui en prise avec la justice, c’est parce qu’ils ont profité de leur situation matrimoniale pour commettre toutes sortes de malversations et autres entorses à la tête de l’Etat.
Sur le plan politique, notamment au Parti démocratique gabonais, les malversations étaient moins visibles, parce qu’Ali Bongo n’y avait jamais attaché un réel intérêt, à l’exception des périodes des élections présidentielles. Et ses proches collaborateurs en étaient conscients. C’est pour cette raison que des proches comme Ali Akbar Onanga ne se bousculaient pas au portillon pour une quelconque position au sein de la hiérarchie du parti. Car le PDG ne servait de tremplin que pour asseoir une certaine reconnaissance populaire.
Après la survenue des ennuis sanitaires d’Ali Bongo, le PDG a été téléguidé par ces mêmes personnes qui se sont emparées de sa direction. De là, toutes les spéculations ont enrichi les prétentions. A savoir : prendre le contrôle de l’appareil politique et en faire un accès à la tête du pays, par l’intermédiaire d’un Ali Bongo téléguidé. En fait, le « distingué camarade » n’était plus qu’un paravent derrière lequel toutes les malversations se faisaient. Et qui mieux que la garde républicaine, principalement son chef, pour se rendre à l’évidence de toutes ces forfaitures ? A la présidentielle de 2023, les manipulateurs se sont montrés particulièrement très actifs pour la réélection d’Ali Bongo, à l’issue de laquelle, ils pouvaient se servir du pouvoir d’Etat, sachant que celui qui serait proclamé élu n’avait point son propre contrôle, à plus forte raison la gestion de l’Etat.
L’armée, principalement le chef de la Garde républicaine ne pouvait laisser perdurer une telle mystification au sommet de l’Etat, de crainte d’en être un complice. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema a donc pris ses responsabilités pour mettre fin à cette tragédie. La suite, la population l’a découverte le 30 août 2023, au moment où les artisans de la mascarade sablaient le champagne pour l’aboutissement de leurs friponneries.
Après donc la chute du régime dont Ali Bongo incarnait l’interface, le Parti démocratique s’est retrouvé en total déconfiture. Mais la hiérarchie, attachée à ses idéaux depuis l’ère de son fondateur Omar Bongo, n’a guère abdiqué. Mieux, une transition a été mise en place pour faire fonctionner l’appareil du parti. C’est à l’issue de cet intermède qu’Ali Bongo a été démis, le 7 mars 2024, de ses fonctions de président du parti pour « une incapacité multiforme ». Un nouveau directoire provisoire a été mis en place. Paul Biyoghe Mba, Alain-Claude Billie Bi Nzie ont été nommés respectivement premier Vice-président et deuxième Vice-président ainsi qu’Angélique Ngoma au poste de Secrétaire générale pour la restructuration jusqu’à un congrès extraordinaire qui conduirait désormais le parti. Et Ali Bongo, qui reçoit du monde en sa résidence de la Sablière, avait déclaré son « retrait de la vie politique et le renoncement définitif à toute ambition nationale ». Pour confirmer cette décision, il adresse une lettre ouverte au peuple gabonais, et dit respecter et comprendre « la volonté des citoyennes et des citoyens de souhaiter, pour construire l’avenir, de nouveaux responsables politiques ». Dans la même missive, qu’il transmet à son avocate gabonaise Gisèle Eyue Bekale, à l’intention des médias il réitère sa volonté : « Je ne souhaiterai jamais constituer, pour le Gabon, un risque de menace, de trouble et de déstabilisation dans ce moment de reconstruction ». Et d’ajouter : « Je suis pleinement conscient de ce qui a été accompli sous ma présidence, comme également des insuffisances dont j’assume seul la responsabilité, tant sur le plan social que s’agissant du fonctionnement de nos institutions (…) Seul Président et responsable de mes décisions, je comprends que malgré les réalisations effectuées sous mes mandats, trop de Gabonais souffrent encore ». Fin de parcours politique donc pour Ali Bongo.
C’est dans cet entracte qu’Ali Akbar Onanga fait son apparition et entouré de quelques femmes recrutées au Pont d’Akébé, il organise une conférence de presse pour dénoncer « l’illégalité à la tête du PDG ». Et pour mieux asseoir ses arguments, il prétend qu’aucune instance n’était habilitée à évincer Ali Bongo de la tête du parti, oubliant sciemment d’indiquer qu’Ali Bongo lui-même s’était volontairement retiré de la scène politique.
Mi-mai, Ali Bongo quitte le Gabon avec l’ancienne première dame Sylvia Bongo et de son fils Noureddin. Et alors que le Parti démocratique gabonais tente de se reconstruire en cette période pré-électorale pour les législatives et les locales, Ali Akbar Onanga Y’Obegue brandit une décision d’Ali Bongo le nommant nouveau secrétaire général du PDG. Dans une déclaration rendue publique, il dénonce une « tentative d’usurpation » de la direction du parti, appelant à une remobilisation des militants dans la perspective des prochaines élections. Au cours d’un point-presse, il déclare : « Le PDG ne se gouverne pas par usurpation, ni par connivence avec des forces extérieures ». Pour lui, tous les actes posés depuis « le coup de force du 7 mars 2024 » par cette direction parallèle sont « nuls et de nul effet », promettant que le moment venu, ces décisions seront annulées par Ali Bongo lui-même.
Une action politique qui rappelle les nominations et révocations intervenues de 2018 au 30 août 2023. En effet, si ce n’est une falsification de l’histoire, pourquoi Ali Akbar Onanga n’a-t-il pas fait état d’une quelconque décision d’Ali Bongo, lorsque celui-ci était encore au Gabon ? Pourquoi avoir passé tout ce temps avant de se prévaloir d’un titre qu’Ali Bongo lui aurait accordé. Certainement et de l’avis de nombreux observateurs de la scène politique gabonaise, la manipulation continue au nom d’Ali Bongo. Et Ali Akbar Onanga ne serait que le bras séculier de ceux qui ont fait métier de cette manipulation d’un Ali Bongo qui ne fait que suivre. Une véritable forfaiture est en marche. Et le PDG, comme toutes les formations politiques devra goûter au calice de la déstabilisation. L’histoire retiendra qu’Ali Akbar Onanga avait tenté un passage en force en s’autoproclamant secrétaire général du PDG.
