Cet ancien ministre de l’Economie et de la Relance (05 décembre 2019-08 décembre 2020) est revenu sur son passage à la tête de ce département ministériel. Au cours de son intervention, lors de ces assises, il pointe les pouvoirs excessifs d’un personnage non habilité qu’il décrit comme étant « plus puissant que le gouvernement lui-même ».
Le Gabon à la croisée des chemins : entre vérité, crédibilité et rupture nécessaire avec l’ordre ancien. Voilà l’équation à résoudre par notre conscience collective. Lors du Gabon Economic Forum 2025, organisé par le ministère de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, chargé de la Lutte contre la Vie Chère, Jean-Marie Ogandaga a capté l’attention des participants à ce rendez-vous du donner et du recevoir. Cet ancien ministre de l’Economie et de la Relance, s’exprimant avec retenue et une colère contenue mais avec gravité, a fait des révélations d’une rare franchise sur la manière dont les finances publiques étaient gérées sous l’ère Ali Bongo.
Il affirme, sans détour, que ses ordonnances de paiement étaient régulièrement bloquées, voire détournées, par un individu qu’il décrit comme étant « plus puissant que le gouvernement lui-même ». Un personnage qu’il ne nomme pas, « on ne cite pas les contemporains », dit-il, mais dont l’identité ne faisait guère de doute pour les participants présents dans la salle. L’homme en question, dit-on dans les couloirs de ce département ministériel, n’était autre que Noureddin Bongo Valentin, le fils d’Ali Bongo Ondimba, président de la République au moment des faits.
Pour illustrer la profondeur du dysfonctionnement, il évoque un fait précis et consternant : un projet routier destiné à Doussala, financé par une banque sous-régionale, a failli être détourné vers une autre localité à la suite d’une intervention personnelle du fils du chef de l’Etat. La banque, refusant de céder à ce caprice politique, a annulé le prêt. Pire encore, des frais ont été imputés à l’État gabonais, qui a donc payé pour un financement qu’il n’a jamais reçu. Une absurdité budgétaire, un mépris de l’intérêt national.
Jean Marie Ogandaga n’aurait pas démissionné de lui-même
Face à un tel désaveu de sa mission et à l’impuissance institutionnelle, cet ancien ministre affirme avoir présenté (sic) sa démission. Un geste rare, digne, qui tranche avec l’attitude de bien des responsables ayant cautionné en silence la dérive d’un État capturé. Même si, et là il faut un peu nuancer, Jean Marie Ogandaga n’aurait pas démissionné de lui-même. « C’est le tout-puissant Ian Ngoulou, à l’époque ami personnel de Noureddin Bongo Valentin, glisse une source proche de la présidence de la République, qui avait obtenu sa tête dans le bureau de l’ancien Premier ministre, Mme Rose Christiane Ossouka Raponda. Le ministre de l’Economie était secoué par un scandale de légèreté présumée dans la conduite des finances de l’Etat. Avait-il oui ou non reçu des rétrocommissions contre des abattements fiscaux en faveur des sociétés pétrolières, notamment Total Gabon et Perenco ? Seule sa conscience peut répondre à une telle interrogation ». Mais bon, passons !
Aujourd’hui, alors que le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema tente, avec détermination, de redonner sens à l’action publique, les faits dénoncés par Jean Marie Ogandaga relèvent d’un passé lointain. Ces assises ayant jeté les bases d’un renouveau dans la gestion des finances publiques.
Le Gabon est donc à la croisée des chemins. La refondation nationale impose des ruptures nettes et des choix courageux. Et la vérité, aujourd’hui, appelle à une seule chose : la dignité dans la parole, la cohérence dans les actes…
La prise de parole de Jean-Marie Ogandaga invite à une prise de conscience collective face à l’urgence de la gestion judicieuse de nos finances publiques.

