La pollution s’est installée au cœur des marchés populaires de la capitale. De Mont-Bouët à Nzeng-Ayong, en passant par PK5 et Nkembo, les images se confondent : bacs à ordures débordants, détritus en décomposition, odeurs pestilentielles… là même où sont vendus fruits, légumes, poissons et autres denrées de première nécessité.
Le marché de Nzeng-Ayong, le plus fréquenté du 6ᵉ arrondissement, en est l’illustration la plus alarmante. Entre flaques d’eaux souillées, sacs plastiques éventrés et mouches en essaim, les clients doivent littéralement zigzaguer pour faire leurs courses. À Mont-Bouët, certaines vendeuses, à même le sol, continuent d’écouler leurs produits à deux pas des poubelles débordantes. « On va faire comment, nous vivons de ces petits commerces », confie une détaillante, résignée, qui préfère garder l’anonymat.
Ce désordre chronique ne relève pas du hasard. Il résulte d’un enchaînement de négligences, notamment dans la collecte défaillante des ordures, l’absence de contrôles, l’incivisme toléré, et une politique d’hygiène publique presque invisible. Même les commerçants les plus consciencieux, balai à la main, sont seuls face à un système qui ne suit plus.

Des eaux usées stagnent entre les allées du marché de Nzeng-Ayong.
L’urgence est sanitaire. Dans un climat tropical, chaque tas d’ordures est une source à microbes. À défaut d’une réaction ferme, ce sont les foyers de contamination qui gagneront du terrain. La mairie de Libreville doit cesser de regarder ailleurs. Dans une ville, où se nourrir rime avec marché à ciel ouvert, la salubrité n’est pas un confort, c’est un devoir républicain.
